Testament prématuré
par Johnyvel
Seul au milieu de l'eau dans une barque, embarqué,
Je divague au hasard sur les vagues, éhonté,
Je n'ai ni rames, ni voile, et loin comme une étoile,
L'horizon me dévoile ses fluences sur toile.
Égaré dans un monde qui se veut infini,
Je regarde mes pieds, je ne pense qu'à ma vie,
Je les vois se noyer, dans l'eau qui engloutit
L’embarcation sacrée, seul espoir de survie.
Et au lieu de boucher les trous de mes échecs,
De lutter pour une chance de pouvoir rester sec,
Je me mouille dans mes peurs, et je m'offre à mes trouilles,
D'abandon je me meurs, c'est moi qui me zigouille.
Je regarde s'écouler mes dernières gouttes de temps
Au fur et à mesure que je coule, lentement,
Comme un lâche, comme un con, j'écris mon testament
Au lieu de me débattre pour vivre mon roman.
Je pense mes échecs, assurant leur venue,
J'écris mon testament, c'est l'appel de la mort,
Et alors que j'échoue, je sais bien que j'ai tord,
Mais prédire la défaite, m'évite d'être déçu.
Quelle tristesse de ne plus oser en pensées...
Et d'être naufragé avant même de couler.
Se lamenter sur un échec que l'on est en train de vivre, c'est ne pas se battre pour l'éviter, c'est donc consentir à cet échec et s'exposer aux regrets.<br />
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Ma citation préférée : <br />
"Tantôt je pense, tantôt je suis" <br />
Paul Valéry<br />
A trop penser, à trop s'écouter et à trop se morfondre on finit par ne plus vivre.
Poème posté le 27/02/14