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Poésie libre / Roman d'amour
              
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Roman d'amour
par Johnyvel


En la rencontrant je ne le savais pas encore mais j’entrais dans un roman, son Roman. Cette femme, petite, jolie jeune femme, celle que j’ai appelé « mon cœur », se prétendait écrivaine. Elle parlait de littérature, écrivait des poèmes et s’émouvait des miens. En première année de médecine elle me regardait ; j’étais seul, triste, mal rasé et j’avais souvent un livre à la main. Face au devoir réaliste et cru de l’apprentissage elle cherchait un contenant pour déverser son trop plein d’émotions et de rêves enfermés. J’étais une occasion en or, la parfaite substance à fabriquer des fantasmes, une énigme à résoudre avec ses outils sentimentaux – un stéthoscope et un corps sensuel. Elle se disait écrivaine et prétendait avoir écrit un livre secret qui parle d’amour - plus spécifiquement de son amour pour moi. Je sais aujourd’hui qu’elle n’a jamais écrit ce roman sur moi, sur nous, dont elle revendiquait l’existence. Ce roman qu’elle prétendait écrire par mon inspiration, par l’inspiration d’un amour puissant, intemporel, comme elle et moi. Pourtant, elle n’a pas menti. En effet, sans écrire la moindre ligne, elle avait bel et bien planifié, élaboré, fabriqué notre histoire. Plus fort que des mots, notre roman se lisait en regards, en pensées, en larmes, en baisers. Insaisissable, il n’existait que par notre complicité et ce sont notre amour unique et nos souvenirs ficelés qui se devaient de le rendre intemporel. Elle avait décidé de faire de sa propre vie un drame romantique, elle imaginait chaque jour les scènes et les décors d’une pièce dont elle était l’actrice principale. Les lieux, les objets (je me souviens d’un bracelet Tiffany qui avait la forme d’un huit renversé comme le signe de l’infini) et les noms avaient tous un rôle primordial, une fonction symbolique au service de notre amour parfait. Son nom « Rose » se prêtait parfaitement à la situation. Tantôt Dr. Rose le médecin sexy. Tantôt Mademoiselle Rose la fleur sensible, délicate et odorante ; épanouie, ouverte et offerte seule (et pas en bouquet), comme fraîchement cueillie par un enfant. La Rose fragile, la Rose qui a besoin d’être protégée, la Rose dont les épines transpercent l’épiderme. Ma Rose, la Rose du Petit Prince. La fameuse nuit de notre rencontre (le 14 Février 2014), je suis sorti de chez moi avec le souhait d’oublier ma réalité : mes épreuves, mes peurs, mes échecs. Il était minuit passé quand nous nous sommes faits la bise pour la première fois devant l’entrée principale du Jardin du Luxembourg - celle qui donne sur la rue Soufflot. Dès les premiers instants à ses côtés je me suis senti plus confiant, réconforté par ses yeux remplis d’empathie et d’admiration. Charmé par cette sensation qui me manquait tant je me suis libéré de mes craintes et j’ai plongé dans son roman. Mon âme rêveuse et libre s’est aventurée dans ce lieu séduisant, dangereusement sensuel duquel – et je ne le savais pas encore – on ne revient pas sans marques. Je suis entré dans un monde fleuri, brillant, fantastique. A mon arrivée le ciel s’est quasi-instantanément coloré d’une couleur qui était à la fois nouvelle et ma préférée. L’herbe a poussé sous mes pieds et s’est adaptée à ma forme quand je m’y suis laissé tomber. Elle était molle, rebondie et fraîche sous ma nuque. Autour de moi sont apparus des animaux, des fleurs, des objets magiques. Tous les éléments de ce monde connectés entre eux se mouvaient en rebond à chacun de mes mouvements. Je découvrais un nouvel univers dont j’étais le centre et qui m’épousait pleinement. J’entrais dans un rêve. A cette époque je ne me rendais pas compte que ce monde liquide et adaptable qui se modelait autour de moi allait ensuite sécher, durcir et garder irréversiblement ma forme unique. Ce monde (je le sais désormais) fait partie des mondes qui d’une manière très romantique sont réservés à ceux qui par chance ou par imprudence décident de s’y plonger. Charmée par l’aventurier que j’étais, elle m’avait offert le cadeau unique de m’accueillir et de m’aimer. Plus tard, je comprenais que sa beauté lumineuse et fragile ne résisterait pas à un abandon de ma part. Je suis parti. Cette fille avait quelque chose en plus, une dimension supplémentaire que je ne retrouve pas chez les autres. J’aimerais trouver un autre monde fantastique, une autre femme, un autre livre. J’imagine Aladin, désespéré, frotter des lampes dans l’espoir de rencontrer un nouveau génie.



Poème posté le 26/11/17


 Poète
Johnyvel



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