La dinde, au doux habit de plumes
Enorgueillit la basse-cour.
Le dindon épris, je présume,
Ose enfin lui faire la cour.
Profitez bien de votre idylle
ô volailles à l'air vainqueur :
Bientôt, vous connaîtrez la ville
Où l'homme exerce sa rancoeur !
Un mal jour, viendra la fermière
Si pressée de vous estourbir...
Marquée au sceau de l'éphèmère,
Votre vie va bientôt finir !
On vous mettra sur une table
Et l'on vous assaisonnera
S'ouvrira la chair ineffable
Au tranchant d'un prompt coutelas !
Le marron et la farce fine
Epanouiront vos jabots,
Se réjouira la cuisine
Aux suaves senteurs des bons rôts...
Sur un grand plat, la cuisinière
Déposera vos corps exquis
En offrande, ultime misère,
A nos appétits réjouis
Et fondront vos chairs succulentes
De finesses auréolées
Un voile de douceur fondante
Emanant des corps immolés.
Gambadez donc dans la verdure,
Enamourez vos coeurs aimants !
Noël approche, aux devantures
Pendront vos cadavres charmants...
Ainsi en est-il de vos frères
Cochons, lapins,tous animaux
Qui périront , quelle misère
Victimes des hommes brutaux !
Noël et Jour de l'An approchent <br />
L'homme aiguise ses longs couteaux<br />
Mon Dieu, que le destin est moche<br />
Pour vous tous,pauvres animaux !