Si un jour la nuit continuait
Sur sa belle lancée du matin,
Si douce lumière point ne fluait
Sans soupir d’un éclat diamantin
Depuis un orient désappointé,
Si l’aube ne nourrissait les ombres
Avides d’un soupçon de clarté
Soulignant de gris leur côté sombre
De son sourire, tendre et chaleureux,
Le froid mordrait nos chairs mon aimée.
Dans un monde stérile, ténébreux
Tissé de pierres inanimées
Que deviendraient nos cœurs et nos mains ?
Nos yeux, qui ne se parleraient plus ?
Nos lèvres sans leur joie du matin ?
Nos bouches vides, qui seraient sans mot ?
Le goût des choses, qui disparaîtrait ?
Les lits où dormiraient nul marmot ?
Le chant des oiseaux qui se tairait ?
Si un jour ce qui reste de toi
Comme un immense trésor en moi
En venait à ne plus se lever
Du tout, tout au long d’une journée,
Mon cœur ploierait immédiatement
Sous le poids de ton ombre, tristement.
Ta lumière me ferait tant de bien !
Encore une prière à toi si jamais tu passais par-là.