Voici venir l’orage et ses chevaux de feu,
Ses spectres du tonnerre aux paupières sauvages,
Ses nuages grondants aux cheveux blancs, furieux.
Comme ton âme est noire en ces jours de naufrage
Où la colère épanche avec tant de douleurs,
Son poison bouillonnant dans ton cœur en servage !
L’ouragan menace dans le ciel en frayeur
Où hurlent les vents fous échappés d’un asile,
Les arbres se tordent sous les cris de la peur.
Tu pleures, insensé, dans la baie de ton île,
Tu pleures tes années qui pendent au gibet
Sur ce rivage mort où peinent des fossiles.
Au loin, la crinière des sables a tonné
Telle une vague, elle roule dans tes pensées
Et emporte l’amour que tu as égaré.
La pluie s’abat comme des flèches tourmentées
Sur ton visage blême où passent les saisons
Qui tracent des sillons et de sombres allées.
Car elle est bien partie vers l’ultime horizon,
Ta Desdémone aimée, qu’un soir, la jalousie
Etouffa de tes mains pour fausse trahison.
Tu as scellé ton sort depuis cette folie.