Une plage non romantique
par Llumierelive
Senteur iodée aux remugles d’huile solaire,
Relents de friture émanant des snacks du voisinage,
Trop plein de serviettes alignées, accolées, voir enchevêtrées
Sur lesquelles s’abousent des corps à moitié dénudés,
Un étal de barbaque de toute catégorie
Où ne manquent que les étiquettes affichant leurs prix,
Aucune de ces âmes ne reste à l’écoute du sac et du ressac,
Aucun regard émerveillé ne se pose sur l’envolée des mouettes,
Chacun étant porteur de casque, d’écouteurs ou d’oreillettes
Qui diffusent les tubes de l’été et des compiles en vrac,
Chacun de jouer sur l’écran tactile de leur portable,
De consulter à chaque minute messagerie et boîte vocale,
D’envoyer des SMS au détriment de cartes postales
En occultant la couleur même du sable…
Tas de chair humaine en concentration
Offrant un déballage de cuisses oléagineuses,
De ventres, de poitrails à l’allure poisseuse,
Qui se vautre en s’entrehuilant par dévotion,
Alors que les parents rissolent sous couches de graisse
Leur progéniture patauge, s’ébroue tels des canards dans l’eau,
Criant et se bagarrant à coups de pelles et de râteaux,
De se frayer un chemin entre la bidoche en paresse
Pour réclamer en chouinant et trépignant leurs goûters.
D’autres couples plus âgés et sans enfant,
Bien décidés à profiter un max du beau temps
Ouvrent leur glacière d’un air de félicité.
Un gras du bide s’enfile une canette d’un trait,
Se trémousse sur ses guiboles s’écriant
« Faut que j’y aille » et s’en va clopin clopan,
Il se trempe jusqu’à la taille « ça y est, c’est fait ! »
De ci de là de blondasses pin up siliconées
Farfouillent dans leur caba aux effigies de mer
Pour retrouver leurs tubes de crème et d’huile solaire
« Avant, pendant, après »…de quoi bien se protéger,
Après s’être tartinées de fond en comble pour la ème fois,
Avant de se refaire cramer le côté pile ou le côté face,
D’aller faire trempette et quelques brasses,
Elles sortent d’un isotherme triste saladette…régime est là !
Malheureusement les voisins d’à côté, de derrière ou de devant
Revenus de leurs baignades fourbus, contents, crevés
Viennent de secouer leurs plaids PSG pour mieux s’étaler..
Râpées les carottes…le sable crisse sous leurs dents !
L’on croise aussi des rois de la gonflette aux pectoraux musclés
A la démarche ondulante d’Aldo Macionne,
Avec leurs bobonnes effacées ça détonne,
A la rentrée…sûr…ils vont divorcer,
Il ya aussi de ces quinquagénaires bouffis et congestionnés
Qui a la vue de Barby aux tétons effrontés
Se mettent bien malgré eux à « érectionner »,
L’incident est clos car en se retournant vers leur moitié
Popaul est redevenu sage, quoique un peu déprimé…
Une gamme de coloris s’exhibe sur la plage,
Des estivants l’on peut en faire un pointage :
Les nouveaux arrivants…blancs comme des lavabos
Première journée…flamboyant rouge écrevisse,
Les lendemains…remplis de cloques omis les orifices,
Fin du séjour…enfin halés, bronzés, pain d’épice…
Bientôt la plage retrouvera sa sérénité,
Les autochtones pourront s’y repromener,
Les peintres redresseront leurs chevalets,
Les poètes oseront y rêver en paix…
J'espère n'avoir choqué personne...me suis bien amusée en écrivant ce pamphlet
Poème posté le 09/08/14