La cour des cartes
par Laurent7869
Le roi de trèfle, vieux barbon
Regard fumant noir de charbon
A la cape doublée d’hermine
La Reine, oisive dogaresse
Qui voudrait, baillant de paresse,
Qu’enfin la partie se termine
Et le valet, sombre et piteux
A l’âme un songe capiteux
Le rongeant comme la vermine
Le roi de pique et sa flamberge
Entre deux levées qui gamberge
En espérant un coup de bluff
La Reine éprise du valet
Qui s’est perdue dans le ballet
Des tris entre l’as et le neuf
Le valet rêvant, ombrageux,
Que changent les règles du jeu
Pour être de son roi le veuf
Le roi de carreau, qui mouronne
Et qui donnerait sa couronne
Pour gagner un tour de poker
La reine aux grâces de madone
Qui profite d’une maldonne
Pour se distraire du joker
Et le valet, qui voyant tout
Se cache au milieu des atouts
A la lèvre un rire moqueur
Le roi de cœur qui pronostique
Sa perte sans son domestique
Dont la place vient à vaquer
La reine, opulente matrone
Qui n’aime rien plus que son trône
Et qui s’enquiert de ce laquais
Et lui, misérable valet,
Qui se désespère qu’on l’ait
Oublié au fond du paquet.
Poème posté le 02/02/18