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Auteurs Messages

Jim
Membre
Messages : 3951


Posté à 21h20 le 21 Mar 11

L'école sicilienne (Frédéric II . 1194 - 1250)
abab abab cde cde/cdc cdc
hendécasyllabe

Pétrarque (Canzoniere)
abba abba cdc cdc
abba abba cde cde
disposition des tercets en ccd prohibée

France

Au XVIe siècle Mellin de Saint-Gelais et Clément Marot l'introduisent en France, l'empruntant à Pétrarque.

Marot (sonnet italien ou marotique) : abba abba ccd eed
Joachim du Bellay (sonnet français) : abba abba ccd ede
Ronsard : sonnet marotique + alternance des rimes féminines et masculines + alexandrin

Angleterre (influence Baudelaire)

Edmund Spenser (XVIème siècle)
abab bcbc cdcd ee (sonnet spensérien)

Sonnet Shakespirien
abab cdcd efef gg
abba cddc effe gg

Castille (XVIème siècle)

abba abba cde cde
abba abba cde dce
abba abba cdc dcd


Les écarts de :


Rimbaud

Sonnet layé : raccourcir un vers sur deux (12 / 6 / 12 / 6 - 12 / 8 / 12 / 8)
abab cdcd eef ggf

L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...

Et tu me diras : " Cherche ! " en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...


Nerval

abba abba cdc ddc

La connais-tu, Daphné, cette vieille romance
Au pied du sycomore... ou sous les mûriers blancs,
Sous l'olivier plaintif, ou les saules tremblants,
Cette chanson d'amour, qui toujours recommence ?

Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
Et la grotte fatale aux hôtes imprudents
Où du serpent vaincu dort la vieille semence ?

Sais-tu pourquoi, là-bas, le volcan s'est rouvert ?
C'est qu'un jour nous l'avions touché d'un pied agile,
Et de sa poudre au loin l'horizon s'est couvert !

Depuis qu'un Duc Normand brisa vos dieux d'argile,
Toujours sous le palmier du tombeau de Virgile
Le pâle hortensia s'unit au laurier vert.


abab abba cdc cdc

La Treizième revient... C'est encor la première ;
Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment :
Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière ?
Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
Celle que j'aimai seul m'aime encor tendrement :
C'est la Mort - ou la Morte... Ô délice ! ô tourment !
La rose qu'elle tient, c'est la Rose trémière.

Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au coeur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta Croix dans le désert des cieux ?

Roses blanches, tombez ! vous insultez nos Dieux,
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle :
- La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux !


abab abab cdd cee

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.


Baudelaire

abba baab aac dcd

Je te donne ces vers afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
Vaisseau favorisé par un grand aquilon,

Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu'un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;

Etre maudit à qui, de l'abîme profond
Jusqu'au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond !
- Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,

Foules d'un pied léger et d'un regard serein
Les stupides mortels qui t'ont jugée amère,
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain !


Polaire : abba ccd eed fggf

Tout homme digne de ce nom
A dans le coeur un Serpent jaune,
Installé comme sur un trône,
Qui, s'il dit : " Je veux ! " répond : " Non ! "

Plonge tes yeux dans les yeux fixes
Des Satyresses ou des Nixes,
La Dent dit : " Pense à ton devoir ! "

Fais des enfants, plante des arbres,
Polis des vers, sculpte des marbres,
La Dent dit : " Vivras-tu ce soir ? "

Quoi qu'il ébauche ou qu'il espère,
L'homme ne vit pas un moment
Sans subir l'avertissement
De l'insupportable Vipère.


abab efef ggh ihi

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

- Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !


Verlaine

abba aabc cde ffe

Mon cher enfant que j'ai vu dans ma vie errante,
Mon cher enfant, que, mon Dieu, tu me recueillis,
Moi-même pauvre ainsi que toi, purs comme lys,
Mon cher enfant que j'ai vu dans ma vie errante !

Et beau comme notre âme pure et transparente,
Mon cher enfant, grande vertu de moi, la rente,
De mon effort de charité, nous, fleurs de lys !
On te dit mort... Mort ou vivant, sois ma mémoire !

Et qu'on ne hurle donc plus que c'est de la gloire
Que je m'occupe, fou qu'il fallut et qu'il faut...
Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres,

Quoi qu'en aient dit et dit tels imbéciles noirs
Compagnon qui ressuscitas les saints espoirs,
Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres !


Mallarmé

abab cdcd eff egg

Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l'incurable ennui que verse mon baiser :

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts.

Car le Vice, rongeant ma native noblesse
M'a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité

Par un coeur que la dent d'aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.


abab abab cdd cee

Cependant que la cloche éveille sa voix claire
A l'air pur et limpide et profond du matin
Et passe sur l'enfant qui jette pour lui plaire
Un angelus parmi la lavande et le thym,

Le sonneur effleuré par l'oiseau qu'il éclaire,
Chevauchant tristement en geignant du latin
Sur la pierre qui tend la corde séculaire,
N'entend descendre à lui qu'un tintement lointain.

Je suis cet homme. Hélas ! de la nuit désireuse,
J'ai beau tirer le câble à sonner l'Idéal,
De froids péchés s'ébat un plumage féal,

Et la voix ne me vient que par bribes et creuse !
Mais, un jour, fatigué d'avoir enfin tiré,
Ô Satan, j'ôterai la pierre et me pendrai.


Theofordope
Membre
Messages : 82


Posté à 07h20 le 20 Mar 14

ah oui! j'ai du boulot!


Lasource
Membre
Messages : 4751


Posté à 10h40 le 24 Mar 14

Un beau petit tour des principales possibilités !!! clindoeil Dans les sonnets anglais existe aussi le schéma AA(M) BB(F) AA(M)BB(F) CC(M)D(F) D(F)EE(M) me semble-t-il; Mais je peux me tromper... (M = rime masculine, F = féminine.) Et même je crois aabb ccdd eef fgg...


Aguirre
Membre
Messages : 147


Posté à 15h54 le 07 Jun 14

Quel ordre et quelle méthode moi qui croyais que dans le chaos naissaient les plus belles choses.
Je n'aime pas l'ordre, la symétrie et leurs contraintes. J'aime le vent et ce qui vient des tripes.
abba aabc cde ffe ou
abab efef ggh ihi
Belle marquise...
ce pseudo raffinement est mode d'un temps. C'est comme ce philosophe qui ne conçoit pensée et réflexion qu'avec les grecs...
Si Picasso et Dali avaient respecté des normes... les demoiselles n'auraient pas vu le jour.
Jim je sais ta perfection et ta connaissance en la matière, matheux de plus, mais une fois cela su il faut suivre son temps. Transcendons mon ami
ceci dit la nature aime l'ordre !
amicalement ;-)


Marcek
Membre
Messages : 5106


Posté à 15h58 le 07 Jun 14

Certains aiment obéir à des règles strictes et ont un esprit cartésien
qui ne se satisfait que dans la rigueur, d'autres rejettent les règles trop contraignantes et laissent libre cours à leur fantaisie : et c'est très bien ainsi, que tous les tempéraments s'épanouissent!


Aguirre
Membre
Messages : 147


Posté à 16h05 le 07 Jun 14

Marcek, j'aime taquiner, n'aies crainte, il n'est pas de polémique en vue. clindoeil juste que j'aime contrarier !


Salus
Membre
Messages : 6951


Posté à 18h41 le 08 Oct 20





Sonnet de l'orient



Sous l'arc outrepassé d'un ciel d'Anatolie,
Lueur nimbant à peine un antique prunier,
Montait la lune turque à son limbe premier ;
Sur la plaine levant une corne sans vie,

Elle allait, par le vent que la pente spolie,
Inonder l'étendue en son flux de crémier,
Et sur la pâle nuit s’installer et régner,
Epanchant au désert sa blême synovie.

L'arbre dorait sous l'astre une âpre et maigre grappe
Offerte aux dents des Dieux comme une ultime agape
Où la brume automnale agençait son linceul.

Et dans le froid mordant de la contrée amère
Cet aride fruitier, planté par quelque aïeul
Miroitait faiblement d'un espoir millénaire.


Jim
Membre
Messages : 3951


Posté à 20h29 le 08 Oct 20

J'aime bien, Salus.
Mais que signifie ce titre, est-il seulement un titre, ou désigne-t-il un type de sonnet que je n'ai pas cité dans mon laïus de l'époque ?
Tu sauras désormais que j'aime le sonnet. Pour autant, je n'aime pas me sentir captif d'une forme autrement que de temps en temps de façon voulue. Si donc je ne respecte pas une forme, c'est que je m'en affranchis et le sais.
Aguirre me taquinait. Peintre, elle sait bien que le mouvement possède aussi ses symétries, pas uniquement la statique. De plus, dans la nature, on observe des formes se stabiliser à partir du "bordel"...


Salus
Membre
Messages : 6951


Posté à 21h09 le 08 Oct 20


Non,non, c'est un sonnet dit "français" (banvillien), et, mises à part la licence des rimes "mier / nier", la chose est régulière !

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