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Posté à 17h49 le 16 Jan 20
Voici venu l’instant d’une saine retraite
Où l’esprit doit laisser le moral au repos,
Sans conter, plus avant, sa dernière défaite.
Poète ! Sans scrupule emplis ton entrepôt
De clichés méconnus et de vues inédites :
Nous saurons aux beaux jours les voir autour d’un pot.
La légende tenace apprend par ses redites
Au peuple dans l’émoi qui retient son hoquet
Qu’il doit toujours lutter contre ses peurs maudites.
Au sein de tout rempart, agiter son hochet
Montre à tout le troupeau que l’on aime son monde,
Ce qui permet, surtout, de se faire embaucher.
Tous les anges veillant sur les cris à la ronde
Savent bien distinguer, en fixant leur regard,
Où sont les agités qui tonnent de faconde.
Or sur les grands pavés qui font le boulevard
Des gens fort démunis cachent si peu leur mine
Que l’on voit aussitôt qui mérite un égard.
Mais les passants pressés, ignorant la famine,
Poursuivent leur chemin sans étendre leur main,
Pour donner leur obole en humble vitamine.
Pourquoi donc s’écrier, grâce à un parchemin,
Que l’on est au malheur pour la fin de sa vie
Quand, dans un différend, on a chassé l’humain.
Dans l’auguste reflet de son port plein d’envie
On apprend que le preux est conquérant ou presque,
Qu’il fait tout pour soigner sa faim inassouvie.
Lors le peintre attentif, attelé à sa fresque,
Promène ses pinceaux sur la toile buvard
Qui boit sans retenue une scène ubuesque.
Il peint tel Delacroix le drapeau des loubards
Qui s’en vont au devant de gens sans grand mystère
En jouant dans l’excès un rôle de flambards.
Qui sait donc si les cieux qui regardent la Terre
Ont les yeux de Chimène ou bien ceux de Vulcain
Qui conçut sous l’Etna la foudre pour son Père.
Si l’heur vient à sonner à votre seuil demain
Ne semez plus le doute au pas de l’avanie
Mais dîtes simplement le fond de votre entrain
Car le monde est gavé de trop de zizanie.
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Posté à 09h53 le 17 Jan 20
Votre poésie susdite
Me semble fort inspirée
par une oeuvre inédite
d'un écrivain bien né .
Aligheri, il se nomme
Dante pour tous ses amis
Italien et penseur comme
Le sont moults écrits.
La Comédie dite divine
Est abondamment décrite
Dans chacune de vos lignes
Qui ont un certain mérite !
Sortez un peu de vos rêves
Et de plus prés examinez
L'homme n'est pas sans trêve
Abonné à ses billevesées.
Je me permets de reconnaître
Que dans la rouerie humaine
Comédie est fort abstraite
Mais généreuse plus concrète !
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Posté à 17h25 le 17 Jan 20
Quand la muse s’apprête à charmer le poète
(glose en quasi terza rima )
Pour être son jouet, souvent plus qu’il ne faut,
Elle sait que l’attente est un cruel supplice
Qui fait perdre la tête autant qu’à l’échafaud.
A lire ses récits tourmentés elle sent
Qu’il doit souffrir déjà, qu’il faut qu’elle accomplisse
Le premier pas vers lui ; elle hésite pourtant
Car il s’est enfermé dans une tour d’ivoire.
Le serment qu’elle a fait d’être là, vers midi
Est si fort compromis qu’il parait dérisoire.
Une autre qu’elle aurait abjuré sa promesse,
Mais, parmi les parfums du boudoir attiédi,
Farouche, elle combat le doute qui l’agresse.
Consciente qu’il faudra compter sur maints atouts,
Elle s’est attardée à finir sa toilette,
Pour prouver, si besoin, qu’elle est muse au bon goût.
N’ayant d’autre argument, elle s’applique au mieux
Et devant le miroir charmé qui la reflète,
Elle dompte le flot d’exubérants cheveux.
Pour conjurer le sort et trouver sa clémence
Elle s’impatiente à boutonner son gant,
Qu’il saura vite ôter, s’il y voit convenance.
Car gentilhomme il est, ce qui fait tout son charme,
Et rien n’est plus joli que le geste élégant
D’un subtil dénuement, rien de tel ne désarme !
Qu’il accepte en retour l’estimable cadeau
De la petite main qui travaille ; et, mutine,
Leur feue complicité verra le renouveau.
Espérant bien n’avoir laissé rien au hasard
Elle frappe le sol du bout de sa bottine
Pour se donner l’aplomb d’affronter son regard….
Poème glosé :
Elle sait que l’attente est un cruel supplice
Elle sait que l’attente est un cruel supplice,
Qu’il doit souffrir déjà, qu’il faut qu’elle accomplisse
Le serment qu’elle a fait d’être là, vers midi.
Mais, parmi les parfums du boudoir attiédi,
Elle s’est attardée à finir sa toilette.
Et devant le miroir charmé qui la reflète,
Elle s’impatiente à boutonner son gant ;
Et rien n’est plus joli que le geste élégant
De la petite main qui travaille ; et, mutine,
Elle frappe le sol du bout de sa bottine.
François Coppée
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Posté à 18h02 le 17 Jan 20
Vos performances, OXALYS et TONIN, dans ces vers en terza rima parfaitement ciselés, sont de haute tenue. Ils se prêtent à merveille à cette forme romantique dans laquelle vous excellez.
Il y a vraiment de belles plumes sur ce forum !
TOUTE MA CHALEUREUSE AMITIÉ.
Passez un agréable week-end !
CARPE DIEM
ANDRÉ
Ce message a été édité - le 17-01-2020 à 18:04 par Laugierandre
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