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Auteurs Messages

Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 12h00 le 06 Jul 20




Auto-portrait





Que ne tienne l’angoisse à rien
Des si fatales solitudes ;
Toi qui de l’âpre idée éludes
La fin, tu fuis, mais, galérien,

A ramer plus, comme va l’âge,
Vers des irisés horizons
- Espoirs, mirages et prisons -
C’est Pégase qui te cravache !

L’absent frisson, sans être aigre, est,
Fleur éclose de souvenance
Dont le nard fut très souvent transe,
Injectée au dard du regret,

Chorégraphie empoisonnée
Par la Muse au vice subtil,
Regard langoureux sous un cil
D’abeille habile et raffinée...

S’il t’arrive de l’entrevoir
Ce tentaculaire diagramme
C’est qu’au centre grave du drame
Ton hydre y déploie un œil noir

Où la lucidité pallie
Le faux prisme des vérités
Par des phasmes immérités
Imitant la glossolalie !

Quel artiste ainsi se ceindrait
De l’antique et fanée acanthe
A la mole gloire vacante ?
- C’est au schéol qu’il descendrait !

Un charme t’offre la sylphide,
C’est un miracle ! dès que su,
D’une ivre aspiration déçu,
En deçà du monde impavide,

L’omets-tu, suspect d’être faux,
Flou, que la fée artificielle,
Usant d’un art qui t’est ficelle,
Camoufle du fil de sa faux !

Tu n’étais qu’un rêve bizarre
De la contradictoire chair
Et, comme un trompe-l’œil d’Escher,
Quelque irressuscité Lazare !



Eut-il fallut que je pâtisse
Plus des inconséquents travers
Dont m’affubla le sort pervers
Et qu’Atropos, n’est-ce pas, tisse...?



Ce message a été édité - le 06-07-2020 à 12:01 par Salus


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 13h21 le 07 Jul 20

Bonjour Salus,

J'aime beaucoup cette façon d'écrire l'octosyllabe que ce soit ici ou dans Multiplication.

Ces quatrains m'ont touché particulièrement :
"Un charme t’offre la sylphide,
C’est un miracle ! dès que su,
D’une ivre aspiration déçu,
En deçà du monde impavide,"

"Chorégraphie empoisonnée
Par la Muse au vice subtil,
Regard langoureux sous un cil
D’abeille habile et raffinée..."


L'appropriation de nombreux mythes et les synesthésies, certains passages un peu hermétiques (je ne trouve pas de terme moins fort) rapproche ces vers du symbolisme et me rappelle cette interprétation de la chanson du mal aimé.



Passe une agréable journée.



Ce message a été édité - le 07-07-2020 à 13:23 par Hoho


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 19h42 le 07 Jul 20


Cher "Hoho", je te suis d'autant plus reconnaissant que "multiplication" que je tiens pour un bon texte, n'a eu ici aucun succès !
Tu as parfaitement raison en relevant la filiation impréhensible :

Le post-symbolisme néo-classique :

(Sonnet)

A travers les halliers dans les berges fangeuses
J’aimais poser le pied nu des primes jeunesses
Je célébrais sans Dieu les seules grandes messes
Dont silencieusement se bénissent les yeuses

Nature autoritaire au cercle de ton mess
Je forçais l’élitisme avec panache, gueux,
Animiste, primaire, ivre, irrévérencieux !
Ainsi j’étais, semblable au monstre du Loch Ness,

Comme une antiquité survivante du songe
Et nageant sous l’orage à la noirceur des eaux
Je communiais en moi, que l’animal prolonge !

Nourri par la magie et les métempsycoses
Je m’incarnais encor dans les mousses des lauzes
Et parfois je hurlais au satellite oblong…




Ce message a été édité - le 07-07-2020 à 19:44 par Salus


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 02h03 le 08 Jul 20

J'aime beaucoup, ce poème résume bien l'art symboliste (un supplément poétique cette fois-ci à ajouter au manifeste de Moréas Coucou), de l'aspiration athée au néant de Mallarmé à l'attrait symboliste pour le mysticisme les grandes lignes du mouvement sont évoquées.

Une bribe que j'avais écrite :

Au fond de la petite fiole
Se trouve un doux élixir
L’automne morte encor feuillole
Pousse de langoureux soupirs.

Au milieu de la galaxie
Au rose parfum de framboise
J’hume la sainte ataraxie
De ces astres sur leur ardoise.

Cette senteur me rappelle celle
Pour qui j’ai quitté la terre bleue
Ma douce fée, ma blanche reine
Au blanc parfum aux yeux d’ébène
Et qui m’a rendu malheureux.




Ce message a été édité - le 08-07-2020 à 02:06 par Hoho


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 23h36 le 08 Jul 20


Cette bribe que des birbes reliront
Dans un lointain futur, ils la relierons !

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