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Auteurs Messages

Clementcheylan
Membre
Messages : 40


Posté à 13h25 le 29 Nov 20

Présentation :

La question du « qui suis-je » a de tous temps fait couler l’encre, en voilà un peu plus qui, je le souhaite, vous apportera quelques nécessaires éléments.

Texte :

Certains d’entre nous se demandent parfois qui ils sont, ce qu’ils sont. Il me semble raisonnable pour se demander cela de s’assurer d’être réellement. Avant de poser la question, « qui suis-je », demandez-vous si vous êtes.
Mais qu’est-ce qu’être ? Être c’est devenir autonome. C’est-à-dire avoir la possibilité, la faculté de penser par soi-même. C’est avoir le pouvoir de soi sur soi. Avoir un esprit critique, peser le pour et le contre. Détacher de l’ensemble des informations que nous recevons sa propre idée.
Être autonome c’est ne pas se laisser pousser par le vent telle la feuille morte, c’est aussi ne pas toujours se rallier au dernier qui parle. C’est décrypter, réfléchir, élaborer.
On confond souvent autonomie avec accessibilité, possibilité, capacité. Il faut distinguer l’autonomie physique de celle de l’esprit.
Les antiques nous montrent le chemin de l’autonomie.
Les épicuriens prônent l’ataraxie, qui est de ne pas succomber aux émotions. Les quatre principales sont la joie, la colère, la tristesse et la peur. Les émotions sont toujours premières et jouent souvent le rôle d’avertisseurs. La peur nous prévient des dangers, mais y succomber c’est paniquer. Succomber transforme la tristesse en déprime, la colère en actes irréversibles, la joie en sottise. Les émotions ne sont pas mauvaises si on ne les laisse pas nous envahir.
Les stoïciens prônent l’apathie qui est l’absence de passions. Le passionné subit sa passion. Il est possédé par elle, et n’a plus le pouvoir de lui sur lui. Sa volonté est altérée et donc sa raison. Le passionné se soumet, c’est plus fort que lui, il ne peut s’empêcher, s’en défaire.
Les sceptiques prônent l’épochè qui est la suspension du jugement. Ne pas juger, c’est se donner la possibilité d’avoir une réflexion. Juger, c’est trancher souvent trop vite et trop mal. C’est l’antithèse de la philosophie.
Et Épictète prône l’acceptation de ce qui ne dépend pas de nous. Accepter, cela ne veut pas dire approuver ni se résigner. Il faut entendre accepter comme accueillir. Accueillir ce qui ne dépend pas de nous pour faire avec, pour lutter contre, ou pour en jouir.
Lorsque nous sommes dans l’ataraxie, l’apathie, l’épochè et l’acceptation du réel, à ce moment-là et seulement à ce moment-là, nous pouvons nous demander légitimement «  qui suis-je ? »
Sinon rendez-vous au tas avec toutes les autres feuilles mortes !

Voilà.


Loren
Membre
Messages : 59


Posté à 22h21 le 29 Nov 20

Bonsoir clementcheylan
Passionnant comme toujours.
Ne peut-on pas adopter des postures différentes selon les moments de sa vie ou selon l'évènement rencontré comme un caméléon?
Peut-on cumuler plusieurs postures en même temps?
Par exemple, nous pouvons douter et retenir notre jugement tout en contrôlant ses émotions et en acceptant ce qui ne dépend pas de nous. Les catégories ne sont pas hermétiques. Il est loisible d'appartenir à plusieurs catégories. Il me semble difficile de compartimenter la nature humaine ou ses comportements.
Je pense que tu as voulu dire que ce sont nos comportements qui nous définissent et qui nous permettent de dire qui nous sommes.
Prenons du recul sur nous-même pour répondre à la question "Qui suis-je?"
Merci de clarifier une question si délicate.
Au plaisir de te lire.


Pierre
Membre
Messages : 6471


Posté à 10h15 le 30 Nov 20

Je soumets également ici la réflexion de l'immense philosophe que fut Pierre Dac:
"A la question qui sommes-nous, d'où venons-nous? Où allons-nous? je réponds: «En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne"


Clementcheylan
Membre
Messages : 40


Posté à 15h16 le 30 Nov 20

Loren ,
mon texte montre la spécificité de ces courants philosophiques, libre à chacun de préférer par exemple le stoïcisme ou le scepticisme mais il me semble que conjuguer ces différentes philosophies comme tu le suggères serait idéal.
Tu dis " nos comportements nous définissent...", pas vraiment, nous ne sommes pas puisque nous devenons et ce sont les comportements que nous adoptons qui nous font devenir ce que nous voulons être. Penser que nous sommes, c'est se priver d'un éventuel aller vers un progrès.
Nous ne sommes pas, nous nous construisons. Goethe disait:" je marche pour savoir où je vais ", ce qui peut se comprendre comme les choses se font au fur et à mesure qu'elles se font et nous pouvons orienter la construction de toutes choses y compris de notre être au fur et à mesure qu'elle se réalise.
Tu dis" prenons du recul... " : prendre du recul ne peut répondre qu'à la question : qui ai-je été? Savoir qui l'on est n'a pas pour moi de sens , la question véritable est pour moi : qui veux-je devenir?
J'espère que je réponds à tes interrogations.
Merci pour l'intérêt que tu portes à mes textes!


Clementcheylan
Membre
Messages : 40


Posté à 15h23 le 30 Nov 20

Pierre,
que tu fasses intervenir ici Pierre Dac ne peut que m'enchanter, je l'ai toujours apprécié et même bien avant de philosopher. Ne nous trompons pas, ces gens d'esprit dont Pierre Dac fait partie disent souvent par le biais de l'humour des vérités. Et à la réflexion, peut-être lui dois-je mon goût pour la philosophie!
Bien à toi.


Loren
Membre
Messages : 59


Posté à 15h51 le 30 Nov 20

Clementcheylan,
Merci pour ta réponse étayée que j'agrée bien évidemment. L'important est ce que nous voulons devenir.
Savoir ce que l'on a été peut nous éclairer alors sur notre devenir.
Au plaisir de te lire.


Clementcheylan
Membre
Messages : 40


Posté à 16h14 le 01 Dec 20

Loren,
c'est exactement ça! A bientôt!

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