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Poésie d'hier / Quand je suis vingt ou trente mois
              
Poésie d'hier / Quand je suis vingt ou trente mois
         
Poésie d'hier / Quand je suis vingt ou trente mois

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Quand je suis vingt ou trente mois
par Pierre de RONSARD


Quand je suis vingt ou trente mois Sans retourner en Vendômois, Plein de pensées vagabondes, Plein d'un remords et d'un souci, Aux rochers je me plains ainsi, Aux bois, aux antres et aux ondes. Rochers, bien que soyez âgés De trois mille ans, vous ne changez Jamais ni d'état ni de forme ; Mais toujours ma jeunesse fuit, Et la vieillesse qui me suit, De jeune en vieillard me transforme. Bois, bien que perdiez tous les ans En l'hiver vos cheveux plaisants, L'an d'après qui se renouvelle, Renouvelle aussi votre chef ; Mais le mien ne peut derechef Ravoir sa perruque nouvelle. Antres, je me suis vu chez vous Avoir jadis verts les genoux, Le corps habile, et la main bonne ; Mais ores j'ai le corps plus dur, Et les genoux, que n'est le mur Qui froidement vous environne. Ondes, sans fin vous promenez Et vous menez et ramenez Vos flots d'un cours qui ne séjourne ; Et moi sans faire long séjour Je m'en vais, de nuit et de jour, Au lieu d'où plus on ne retourne. Si est-ce que je ne voudrois Avoir été ni roc ni bois Antre, ni onde, pour défendre Mon corps contre l'âge emplumé, Car ainsi dur je n'eusse aimé Toi qui m'as fait vieillir, Cassandre.

Odes,
Livre 4


Poème posté le 05/02/10 par Rickways

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 Poète
Pierre de RONSARD



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