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Auteurs Messages

Salus
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Posté à 17h30 le 21 May 19






Fastes



Le collier d'or ousekh, l'éclat des cannetilles,
Nimbent de majesté la reine, au pilier djed
Adossée, et son corps sculptural luit d'armilles
Dont les feux, tels les fruits sacrés de l'arbre iched

Rendront à Pharaon, pour l'heb sed jubilaire,
Les forces que son rang épuise au joug de Râ
Couronné de rayons, ultime dieu : son père.
Un prêtre, au signe d'ankh, lui tend un sceptre heka.

Osiris ceint l'atef pour chasser les démiurges,
La mandragore l'orne, à sa base un soleil
Brille ! Aux oiseaux-baou, sous l’œil des thaumaturges,
Horus darde l'oudjat sur l'invisible éveil.

C'est le capharnaüm d'une égyptienne fête,
Sous l'égide du pschent, du nœud tit, de la mort,
Tandis qu'en papyrus, un grand vaisseau s'affrète
Pour descendre le Nil jusqu'aux tombeaux du nord...




Ce message a été édité - le 23-05-2019 à 10:56 par Salus


Ancienmembre
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Posté à 18h41 le 21 May 19

pschent

c'est très subtil à l'oeil et à l'oreille
évasion et beauté


Ancienmembre
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Posté à 18h43 le 21 May 19

Je voudrais être chatte Mau
Platine sphynge aux yeux pers
Isienne déesse
Sur pyjadoux du pharaon
Je glyphe ses genoux
Tandis qu’il me caresse
Dans le Naos
Il miaule ses maux doux
En lotus et m’appelle Isis
Et je me felouque d’ivresse
Sur son tapis alexandrin
Il dépose son pschent
Et chuinte
Tu es ma mautresse
Il aime ma fourrure
Argentée comme Nil
Et lorsque j’ai maumau
Il me tendresse.


Salus
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Posté à 20h22 le 21 May 19


Salut à la reine Marine !

(pschent, merci !)



Ce message a été édité - le 21-05-2019 à 21:47 par Salus


Saintes
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Posté à 09h12 le 22 May 19

Je suis enivré par cette fête pharaonique mais peut-on encore l'imaginer ? Difficile.



Ce message a été édité - le 22-05-2019 à 09:12 par Saintes


Salus
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Posté à 14h33 le 22 May 19


C'est pourtant bien ce qui se passe ?


Ancienmembre
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Posté à 17h43 le 22 May 19

oui je suis un fellah
qui va plantant le riz
sur les berges du Nil
fleurissantes d'ibis
roses et monopattes
sur des lotus verdis
qui montent à la surface
et vous maçons de l'extrême east
courbés sous réticules
achevez de suer les pyramides augustes
où je momifierai avec mon scarabée mes huiles
et pectoraux d'airain
et fioles de jasmin
senteurs de l'autre monde
le monde du dessous
qui survole l'éther
entre dans le naos
je suis Néfertiti
plus ancienne que tout
où je n'ai rien appris
sur une terre molle
où j'ai planté des mots
dans un terreau pourri
arrosé de mes pleurs
qui aujourd'hui retombent
dans les vasques dorées
des touristes honteux
et si tu ne m'arrêtes je
remplirai le net


Salus
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Messages : 6936


Posté à 21h01 le 22 May 19






Bandelettes




Du haut , Khéops, de tes quarante siècles,
Tu nous regardes avec des yeux tors ;
Anubis fait au temps passer les corps…

Des tombeaux, le tabac, l’or, et les aigles
Sculptés, aux froids reliefs des mastabas,
Veillent encor quelque antique momie,
Née à ce peuple où vie en fut honnie,
Et le monde vrai un enfer très bas…

Etrange engeance ! Et les sphinx et les sphinges
Se sont assis dans nos rêves profonds ;
Ils sont tapis là, derrière nos fronts ;

… On est mort si longtemps !
L’envie est brève.

… On est mort si longtemps,
Grave est la sève…


… On est mort si longtemps ;
L’on est des singes…


Ancienmembre
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Posté à 22h02 le 22 May 19

Je suis la petite momie
Bardée de lin
Tenue debout dans une caisse
De pendule
Et j’écoute passer le temps
Mon âme brûle encor
Sous ma peau de papier
Je voudrais voir passer
Les momilogues
Les ridicules
Les savants
Et rire de toutes mes dents
Mon éternité me fait mal
Déroulez-moi
Que je respire enfin
Avant de voler en poussière
Au vent désert.


Ancienmembre
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Posté à 22h04 le 22 May 19

J'ai griffuré mes ongles
Sur l’illusive voile
De muraille blanchie
A morte-chaux
Comme un insecte fou
Qui se jette
Aile perdue
Dans lumière velue
Et se tue
Dans la forêt saignante

Or ce n’était que leurre
Dans la nuit luxuriante
Où de savants chasseurs
Prennent dans leurs filets
Des bestioles sans tête
Et les épinglent
Dans des boîtes à sommeil
Dans des cercueils muraux
Debout comme momies
Au désert des ancêtres.

Je suis la Sphynge.



Salus
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Posté à 10h59 le 23 May 19





Bandelettes (II)



En moult reptations sinusoïdales
Se contorsionne un sombre esprit serpent
Dont les réflexions, simples mais létales,
Peuvent servir de corde à qui se pend.

Si Quetzalcóatl possède votre âme
Et Tezcatlipoca le bas du corps,
C’est qu’une cabale aztèque se trame ;
Et vous poussez, peut-être, au champ des morts.


Partout est l’Inca, l’Egyptien, l'Olmèque...
Et la magie opaque des yeux creux,
De Teotihuacan jusqu’à La Mecque,
Vitreusement, du sarcophage ocreux,

Sucera toujours l’essence de l’être,
Avec l’affable rire décharné
De ceux, trempés dans l’or et le salpêtre,
Succubes-rois d’un éternel armé…


Ancienmembre
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Posté à 12h57 le 23 May 19

Quand je vivais prime jeunesse
Celle qui jure au plein emploi
Rêvais déjà de ma vieillesse
Celle dont l’aîné est Roi

Je m’installai en pharaonne
En haut de la pile de bois
Et l’on déversait sur mon trône
Des éloges de bon aloi

Et puis un sage un peu difforme
Boita son pas devant ma gloire
Et me susurra dans les formes
Tu es risible cache-toi

Je me retirai sous ma hutte
Honteuse en hulotte de jour
Et fermai à jamais mes plumes
Cédant la place au paon de jour

Depuis en ma caverne sombre
J’espère vivement la Faux
Celle qui scindera mon ombre
Et brûlera ma langue au Feu

Venez venez la place est vide
On a renversé la matrone
On va incendier tous ses livres
Et danser la gigue au fantôme

Je le sais bien rassurez-vous
Sous peu vous aurez la Couronne
Et vous serez assis dessus
Et prierez le ciel qu’il vous nomme

Poète défunt et déchu

27 septembre 2011- 1h30
Lestrade


Salus
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Posté à 14h55 le 24 May 19






Bandelettes (III)



Tout futur sûr, reste affolant, noir, vain ;
Pauvre pensant ! pauvre matière étroite ;
Triste route au néant promise - et droite !
Finalité penchée au-dessus du ravin ;
Fluet petit poisson dans la mer - alevin -
Timide existence, anxieuse et coite !
Génération gigogne ! - tout s’emboîte -
Ne reste-t-il qu’à s’enivrer, devin ?

Il n’est, feu longuement, rien qui ne ressuscite !
Même Osiris, les mains sur le plexus,
Telle praxis, l’horreur des anciens us.


Ancienmembre
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Posté à 15h24 le 24 May 19

Nos bandelettes sont étranges
Elles nous étouffent du dedans
C’est la servitude puissante
Que nous devons à notre état
Nous n’avons qu’un chemin étroit
Pour aller de vie à trépas
Et le moindre pas de côté
Nous vaut une jambe à couper
Je ne sens plus de liberté
De celle qui m’a tant coûté
On me la prend par le revers
Je suis liée et enliée
Cela me coupe jusqu’au souffle
Je sais maintenant où je souffre
Je ne monte plus d’escalier
Et je ne peux plus respirer


Salus
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Posté à 19h44 le 24 May 19






Hé ! Je te parle !



- Tu semblais de n’aucune pudeur.
Tout était lors, d’occurrence amère,
Quelque flamme, un effet, la manière –
Et piquant comme un acupuncteur,
Actrice, au fond vrai de l’atanière.

- Je vois loin ! jusqu’au front de ton « je »
Cristallin, ce long piano sans queue
Où la grave grive rêve, et que
Vit, fée, une reine en une gueuse.

Et tu, brûlée, oujoïais encor ;
Et j’ai soufflé – Plus fort ! – ça braisoye !
Soufflons ! Soufflons ! - Danse !- Qu’un feu soye !
On aurait dit la forge de Thor !
Puis dans mon temple, Ô ma chère zouaille,

Viens te blottir, à l’abri des dieux,
Nous marcherons, à l’ombre des yeuses,
Dans la chênaie et les vénéneuses
Euphorbes laides,
nous serons deux.





Ce message a été édité - le 24-05-2019 à 19:45 par Salus

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