C’est alors que je me sentit envahie d’une force mystérieuse, comme un flux d’émotions et de conscience, qui s’entrechoquent, faisant naître en moi un enthousiasme salvateur. L’enthousiasme d’apprendre, de me nourrir de l’héritage des esprits passés, des esprits présents et des intuitions futures.
Je ressens ce besoin pressant de m’ouvrir aux choses, si diverses qu’elles soient, de les laisser glisser dans mon être, y déposant leurs fragments les plus significatifs. La somme de ces fragments, sons, idées, images, esquisses s'entrelaceront, se dissocieront, se multiplieront et s’accoupleront pour former un nouveau corps de nature hybride ; alliant inévitablement ma subjectivité, ma raison, mon expérience, ainsi que l’essence de quelques êtres m'ayant précédés, le tout enveloppé des contours instables de mon environnement. Là alors se formera mon âme. Corps en constante transformation, constante irrésolution, pourtant capable d’embrasser presque mathématiquement, autant le flux des réalités apparentes que celui des réalités intérieures.
Pour l’instant, je ne me trouve que devant un embryon d’âme, qui commence tout justement à quantifier le chemin qu’il lui reste à parcourir. Chemin dont la largeur, la longueur et la densité s’étendent à chaque pas, à chaque soleil levant, à chaque lune. Plus j’apprends, plus il me reste à apprendre.
Alors, il arrive parfois que l’Impatience, rivale de la Sagesse, incite mes nerfs encore frais à ressentir le poids de tout ce que j’ignore, masse invisible, étouffant la candeur des premiers sursauts. Il ne faut pas que je la laisse s'immiscer dans mes peurs, car elle n’entraîne que dispersion et artifice. Il me faut combattre les forces qui se tiennent devant moi, elles qui ne valent rien face au potentiel de l’esprit, rien face à l’espérance, rien face à la soif de l’Infini.




Ce message a été édité - le 25-05-2019 à 12:11 par Branx

Une belle introduction à la vie, merci pour ce texte fort agréable à lire.