L’inconnu




J’ai longtemps attendu, des immenses espaces,
Que me vînt un seul signe, et des grands cieux rapaces
Que l’œil de l’aigle, enfin, fît luire un peu mieux Dieu.
Mais rien, du réel borgne, ouvrant sur aucun lieu,
Rien n’émerge qui pût nous faire croire que..

Vivre est semblable au chien fou qui course sa queue ;
L’absence est l’ordinaire, et le manque est cruel.

Il nous reste pourtant de re-gréer le ciel
Et créer une nef dont l’étrave conforme
Et le bordé, taillés du plus dur de quelque orme,
Pussent droit naviguer, fendant le flot rageur
Jusqu’au présent du monde, où seul être est majeur.

De cette exploration des urgences osées,
Bien des héros mourront, leurs ferveurs désossées !
Mais c’est en s’enivrant qu’on ouvre l’horizon.

- Crevons l’immonde ennui, la commune prison ;
Il faut apprendre à vivre au faste de nos fièvres,
Véloces, attentifs : des hases et des lièvres !

Aux mystères insus de lumineux secrets
Nous refondrons l’idée, avec des sens sacrés !

Tout amour et plaisir, toute joie étant due, 
Sans arme, et l’âme prête, homme ! à la larme émue.




Ce message a été édité - le 10-10-2019 à 20:18 par Salus

Un grand merci, que son coup de pouce
Vienne à la rescousse
Sur ce texte, à "Lo" !
(Si j'avais son téléphone - allo ?)

"Sans arme…………… … à la larme émue."

Un cri d'alarme que ce poème ? !...

Beau dernier vers ; merci et l'ensemble aussi, bien sûr …

"Mais c’est en s’enivrant qu’on ouvre l’horizon."
Le dire ainsi est une vue offerte sur l'avenir.

j'ai tant aimé le lire!

Merci à vous trois !

Ah, là, je me connecte !
Je n'ai pas dit Allah je me connecte...
Et même s'il fallait le dire pour ramer
Un coup tribord un coup
c'est à boire qu'il nous faut
Si non j'oublie bâbord...

Le Capitaine, je le sais,
va me dire :

-Chantage, matelot ?

Bon, je relis avec soif de foi, deux fois, ce sublime et non moins laïque poème, qui me replonge dans mes "Fantâsmes d'un chantier naval" !









Ce message a été édité - le 18-10-2019 à 19:48 par CinquiemeVallee

...Mais toi, l'homme de quart, tu sais qu'on réfléchit mieux face au vent, et que le réel, c'est le près !

(Fanâmes ?)

Le bonheur est au plus près , mais il faut veiller...Et ne pas faire des nœuds biscornus aux écoutes de ses certitudes...

"Le bonheur est au plus près"
(cours-y vite, cours-y vite* !)
*Paul Fort

Nul Alexandre ne l'écoute
(Tel est gordien qui fait des nœuds)
Celui qui s'emmêle et qui doute
Aux imbroglios caverneux...



Ce message a été édité - le 18-10-2019 à 22:43 par Salus