PASTICHE SUR LE SONNET

« SUR LA MORT DE MARIE »
de RONSARD

SUR LES CHARMES DE ROSE

Comme on voit le dimanche, à chaque messe Rose,
Belle enfant aux contours la mettant en valeur,
À rendre un mort jaloux devant tant de splendeur,
Quand tout regard galant sur elle se dépose.

Imprégnant la chapelle au parfum qu’elle expose,
Dont se dégage aussi une enivrante odeur,
Mais distrait les brebis qui montrent plus d’ardeur,
D’attirance à souhait tant sa splendeur explose.

Ainsi, dans la ferveur et dans la densité,
Quand l’œil souvent distrait fait face à la beauté,
Dans l’invocation changent aussi les causes.

La prière n’a plus tout à fait ses valeurs,
Quand la foi divisée a l’intérêt ailleurs,
Et que les pratiquants bénissent d’autres choses…

ANDRÉ
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SONNET ORIGINAL DE Pierre de RONSARD (1524-1585)

SUR LA MORT DE MARIE

Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose :

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur :
Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose :

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.
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Bonsoir André,

J'ai bien apprécié ton sonnet notamment les deux tercets. Les croyants distraits par ce qu'ils appellent "beauté terrestre" m'ont amusé.

Tu as bien transcrit le style un peu alambiqué de Ronsard (certainement dû à son époque) dans des vers comme : " Quand tout regard galant sur elle se dépose." ou encore "D’attirance à souhait tant sa splendeur explose."
Je ne sais pas s'il y a filiation mais ce poème m'a fait penser à Lise de Victor Hugo.

Après cette agréable lecture, je te souhaite une agréable soirée.



Ce message a été édité - le 08-07-2020 à 19:08 par Hoho

Bonsoir HOHO,

Que tes mots sont amicaux et agréables à lire.

À vrai dire, je choisis souvent le sonnet pour "le pastiche" car il n'y a que 14 vers à "imiter". L'autre avantage est, que de nos jours, les amateurs de poésie préfèrent les poèmes assez courts que les longues poésies qui s'étendent sur plusieurs pages. RONSARD, de par son style, se prête volontiers au pastiche, comme les sonnets de Francis MAYNARD, de Félix ARVERS ou encore Pierre MARBEUF.

Ces gracieuses fantaisies, non seulement permettent de rendre hommage, en faisant revivre la poésie de ces illustres prédécesseurs, mais de faire connaître leurs œuvres dont certaines, souvent, demeurent méconnues. Le plaisir est double : le jeu du pasticheur, et la reconnaissance à des auteurs célèbres.

MES PLUS VIF REMERCIEMENTS, HOHO.

Bien agréable fin de soirée.

ANDRÉ

J'aime beaucoup cette transcription poétique du penser françois en bagou moderne !

Je dois avoir deux ou trois excercices de ce genre dans mes tiroirs, dont un consacré à une poétesse, une chanceuse qui avait appris à lire, écrire et penser "vulgate" à une époque où la culture était un privilège masculin.

Amicalement

Bonjour OXALYS,

C'est vrai qu'il fut une époque où les poétesses connurent un handicap certain les tenant à l'écart du monde des lettres. Je ne citerai que l'exemple de la sensible et très douée Marceline DESBORDES-VALMORE qui eut beaucoup de mal à s'imposer et à être enfin reconnue par ses pairs.

En ces temps, la littérature était affaire d'hommes et le cœur de la vie intellectuelle et artistique (notamment l'écriture), s'articulait autour d'une aristocratie ou de bourgeoisie cultivée. Que cela est déplorable et paraît inconcevable de nos jours.

MERCI pour ton intérêt de lecture, OXALYS.

Passe une bien agréable journée.

CARPE DIEM

ANDRÉ