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Auteurs Messages

Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 22h31 le 01 Aug 20

Ma Cité

Je pense à toi Cité, à ta vaine breloque,
Tes usines fumant et goudron et vapeur,
A la fleur empourprée que ta fumée disloque,
A tes rues isolées où ma belle demeure.

Je me souviens, Cité, de ce vent qui suffoque,
De la douce avenue où j’ai perdu mes heurs,
De cette pauvre dame habillée tout en loque ;
L’atmosphère avec toi a des souris de sœurs.

Et pourtant, Ma cité, le Temps nous sépara,
Ce sadique Bourreau enterra nos désirs,
Je ne veux plus revoir ces sanglants souvenirs,

Ta bordure d’azur, de poudre se para.
Et tes blés en épis ? et ta pluie diaphane ?
Ô cité, tu fus fleur, mais toute fleur se fane.




Ce message a été édité - le 01-08-2020 à 22:32 par Hoho


Solem
Membre
Messages : 303


Posté à 16h28 le 06 Aug 20

Bien belle Cité, qui méritait de l'être !
C'est fait.. et j'ai apprécié ma lecture empreinte d'émotions sur ce sonnet quasi parfait.
Juste rimes 2 et 4 à parfaire, si possible. Je reviendrai
merci Salut


Laugierandre
Membre
Messages : 1920


Posté à 17h42 le 06 Aug 20


Bonsoir HOHO,

Un sonnet bien évocateur, commis de manière intime et viscérale, avec des mots expressifs et bien choisis qui mettent en exergue ce regard lucide et chaleureux, donnant de la sensibilité à ta plume.

Tu sais que je fais partie de ces poètes qui privilégient le fond à la forme ; le fond étant l'impression des sentiments qui se dégagent de tout poème, alors que la forme est cette partie technique seulement qui vient souligner l'usage des règles mais, en aucun cas, ne peut remplacer une émotion de lecture. Les deux sont, cependant, très liés.

Mes sincères félicitations, par conséquent, sur l'essence de ce poème qui exacerbe tes sentiments.

J'ai remarqué que les rimes masculines de ton second quatrain étaient au pluriel, tandis que celles du premier quatrain sont au singulier. Les codes du sonnet stipulant une correspondance parfaite d'un quatrain par rapport à l'autre, cette entorse est-elle volontaire de ta part ?

D'autre part, le mot "diaphane", en poésie traditionnelle, est à prononcer en diérèse.

Attention : vapeur, rime masculine, et demeure, rime féminine.

Coucou Coucou

Bien belle fin d'après-midi à toi.

ANDRÉ

Salut Salut Salut



Ce message a été édité - le 06-08-2020 à 17:45 par Laugierandre


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 20h06 le 06 Aug 20

Bonsoir Solem,

Je suis heureux qu’en dehors de quelques digressions formelles, le sonnet t’ait plu. J’attends avec plaisir tes futures remarques et te souhaite par la même occasion une excellente fin de journée Salut



Ce message a été édité - le 06-08-2020 à 20:06 par Hoho


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 20h06 le 06 Aug 20

Bonsoir André,

Merci d’abord pour tes exégèses pointues et valorisantes. Ma relecture ne fut pas suffisamment profonde et j’ai fait quelques erreurs.

Pourtant, contrairement à toi, de façon générale, j’ai une légère préférence pour la forme, aussi dois-je continuer à m’instruire et faire attention à ce type d’écarts. La présence de personnes telles que toi sur ce forum m’a permis de m’améliorer à bien des égards que ce soit en vous lisant ou grâce à la constructivité de vos commentaires. Je vous en suis grandement reconnaissant.
Quant à mon inclination pour la forme, elle doit venir de l’intérêt que je porte à Baudelaire, à Nerval et aux symbolistes dont l’hermétisme, loin de me déplaire, m’attire et me pousse à produire des poésies similaires. [Je précise que ce poème (« Ma Cité »), contrairement à « Sans Titre » ou à ma glose-maillet sur Mallarmé, n’a pas vraiment été écrit dans ces intentions.]

J’ajouterais, en m’éloignant de Chénier, que le Cœur est plus enclin à faire des larmes que des vers, que tout homme est pourvu d’émotions et que la beauté du texte est la seule façon de les sublimer. Je crois que la force du poète se tient moins dans ce qu’il ressent que dans la manière qu’il a de le retranscrire. D’ailleurs, la forme loin de faire obstacle au fond permet d’en faire ressortir les quintessences, Baudelaire disait d’ailleurs : « Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense. ».

Néanmoins, je ne pense pas qu’un poème doive ne pas avoir de fond. Je dirais simplement qu’en y réfléchissant bien, si le sens m’échappait en partie, je serais moins incommodé que d’avoir à lire un vers comme celui-ci : « Je nommais le cochon par son nom, pourquoi pas ? » (Réponse à un acte d’accusation)*. Des poèmes tels que ma chanson du mal-aimé et le sonnet en « X » de Mallarmé me plaisent beaucoup d’ailleurs.
Les idées parnassiennes ne me séduisent pas pour autant, l’art n’est pas toujours utile au sens strict, mais il répond aux besoins de l’artiste et en soi, la beauté et les émotions qu’ils procurent sont inégalables et lui procure une utilité épanouissante ou cathartique.

Pour en revenir à mon poème, je posterai une version corrigée dans ce topic. Le non-respect de l’alternance des rimes féminines et masculines, ainsi que l’exigence « pluriel/singulier » n’ont pas été volontaires, et je m’en vais les corriger.

Quant à « diaphane », je crois avoir respecter la diérèse : « Et/ tes/ blés/ en/ é/pis/ ? et/ ta/ pluie/ di/a/pha/ne » ?


J’espère que ce message, ayant été écrit un peu à vif, ne soit pas dépourvu d’unité.

J’aime toujours beaucoup échanger avec toi, tes connaissances, ta finesse d’écriture, tes nombreuses idées et la façon dont tu les étayes mais aussi ta sympathie sont des qualités qui me rendent agréable chacune de nos correspondances.
Très bonne soirée, Ami André Salut Salut Salut


*J’ai choisi cette exemple parce qu’il figurait dans une critique des Contemplations de Barbey d'Aurevilly et m’avait fait sourire sous le ton de détraction du critique assez – parfois inutilement – farouche du XIXe.




Ce message a été édité - le 06-08-2020 à 20:08 par Hoho


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 20h09 le 06 Aug 20

Ma cité

Je pense à toi Cité, à ta vaine breloque,
Tes usines fumant et goudrons et vapeurs,
A la fleur empourprée que ta fumée disloque,
A tes rues isolées et tes cafés berceurs.

Je me souviens, Cité, de ce vent qui suffoque,
De la douce avenue où j’ai perdu mes heurs,
De cette pauvre dame habillée tout en loque ;
L’atmosphère avec toi a des souris de sœurs.

Et pourtant, Ma cité, le Temps nous sépara
Ce sadique Bourreau enterra nos désirs,
Je ne veux plus revoir ces sanglants souvenirs,

Ta bordure d’azur, de poudre se para.
Et tes blés en épis ? et ta pluie diaphane ?
Ô cité, tu fus fleur, mais toute fleur se fane.


Solem
Membre
Messages : 303


Posté à 21h33 le 06 Aug 20

Une discussion sérieuse et respectueuse qui me permet d'enfoncer un peu le clou de la forme, s'il fallait énoncer les règles classiques...

Ainsi, à mon avis, le nombre de syllabes dépendra des élisions non autorisées pour "isolé_es et..." ou "empourpré_e que..." ou "fumé_e disloque"... ou "habillé_e tout..." ou "plui_e diaphane..." ?

Vrai ?
Cordialement Salut


Kerdrel
Membre
Messages : 1588


Posté à 22h52 le 06 Aug 20

au delà de ce qui vient d'être dit, et que je partage, je reste sur ma première impression; de jolies images poétiques et c'est ce qui m'importe

Salut Salut Salut


Pierre
Membre
Messages : 6469


Posté à 08h22 le 07 Aug 20

Sur la première version:
- Pour le vers "et tes blés en épis..." le e muet de la finale fait bien le vers à 12 syllabes me semble t-il
- pour le vers 4 "à tes rues isolées..." les liaisons font que je lis "à térusisolésou" et ça ne sonne pas à mes oreilles...

Parce que le fond oui, la forme oui mais la musique surtout...!

La forme est un peu l'armature, le vers la mesure...mais ne pas oublier la mélodie. C'est ce qu'on retient parce que c'est ce qui va au coeur, d'un coup.

Enfin, moi quand je lis c'est ça...


Laugierandre
Membre
Messages : 1920


Posté à 11h09 le 07 Aug 20


Bonjour HOHO,

Commentaire très pertinent qui a retenu toute mon attention. Nous sommes sur la même longueur d'onde, et je ne peux qu’acquiescer aux propos tenus.

Quand je dis que je fais partie de ces poètes qui privilégient le fond à la forme, cela ne signifie pas que je me désintéresse à l'examen de la forme. Bien au contraire.

Je veux signifier par là qu'en priorité je lis à haute voix un poème pour en apprécier (ou non) la fluidité et l'éloquence de l'art oratoire. Autrement dit l'expression, la consistance du sujet qui sont cette forme spirituelle de communication qu’est le poème. Ce que j’appelle "un silence contemplatif".

L’harmonie de l’esprit faisant corps à l’infini de la richesse des sons, doit s’apparenter à la ferveur de la parole poétique, loin, très éloignée de la transparence du langage quotidien et "utilitaire" de la simple communication.

Mais, je fais toujours une seconde lecture, approfondie, cette fois, concernant les traits spécifiques des procédés et règles de la versification, car si un poète est une sorte de magicien du Verbe, il ne doit pas oublier, pour être complet, qu'il doit être également un orfèvre "technicien" pour que la beauté s'associe à perfection dans le respect des exigences et du statut constituant son fabuleux héritage.

Je demeure, par conséquent, "pointilleux" sur son articulation rythmique.

C'est en cela que je me permets, de la manière la plus courtoise possible, de faire part de quelques suggestions (et non de critiques), lorsque cela me semble avéré.

La version corrigée de ton poème est tout à fait irréprochable.


Coucou Coucou Coucou

Très bonne journée, HOHO, et toute ma sincère Amitié poétique.

ANDRÉ

Salut Salut Salut







Ce message a été édité - le 07-08-2020 à 11:44 par Laugierandre


Laugierandre
Membre
Messages : 1920


Posté à 11h44 le 07 Aug 20


Pour répondre au post de SOLEM qui pose une vraie question pertinente, et dont souvent les poètes d'aujourd'hui peuvent rester sur leur faim, par manque d'éclaircissement, juste une petite précision concernant cette interrogation sur les diérèses et les mots constitués de doubles voyelles.

Au XVIe et début du XVIIe siècle, lorsque les mots se terminaient par une double voyelle, ils se prononçaient en "diérèse", comme, par exemple les mots « cri/e/ », « gai/e/ », « plai/e/ », « calomni/e/ ». Aux temps de La Boétie, de Jean Bertaut, de Chassignet ou encore de Saint-Amant, pour ne citer qu’eux, cette règle de la double prononciation de voyelles se suivant appartenait aux canons de la prosodie courante. Ces procédés sont aujourd’hui obsolètes. Depuis Malherbe les choses ont bien changé, parce que justement la grammaire à changé, parce que l’orthographe est différente, et parce que les prononciations de la langue ne sont plus les mêmes.

Aujourd’hui, et tout en respectant strictement les règles et les applications de la prosodie, la prononciation du français s’étant évidemment modifiée depuis le Moyen-Âge jusqu’à nos jours, tous ces mots que je viens de citer plus haut (comme tous les termes s’écrivant à la fin avec deux voyelles) se prononcent en une seule syllabe, la seconde étant élidée dans tous les cas de figure.

Bonne journée à tous, mes Ami(e)s de plume.

ANDRÉ


Salut Salut Salut



Ce message a été édité - le 07-08-2020 à 11:46 par Laugierandre


Solem
Membre
Messages : 303


Posté à 12h21 le 07 Aug 20

Merci André Sourire

Ce que j'avais pu lire ailleurs...

"2° L'élision de l'e muet est obligatoire dans le corps du vers si le "e" final est précédé d'une voyelle accentuée, simple ou composée, comme dans les mots terminés par les syllabes: aie,ée, eue, ie, oie, oue, ouie, ue, uie, aye. (pagaie, vie, joie, risée, queue, vue, paye, etc)

Rome entière noyée au sang de ses enfans. CORN.
Hector tomba sous lui, Troie expira sous vous. RAC.

Si ces mots ne sont pas élidés, ils ne peuvent figurer qu'à la fin du vers.

Par conséquent, au pluriel, les joies, les destinées, ils voient, ils prient, renfermant un e muet que les consonnes finales ne permettent pas d'élider, ne peuvent être placés qu'à la fin d'un vers.

En corollaire de cette règle, les mots avec les terminaisons aies,ées, eues, ies, oies, oues, ouies, ues, uies, ayes ne peuvent apparaître qu'en fin de vers, comme rime.

Remarque. Dans notre ancienne poésie, cet e muet pouvait être suivi d'une consonne, ne pas être élidé : alors il comptait pour une syllabe, ce qui était d'une extrême dureté, et altérait sensiblement la bonne prononciation.

Malherbe introduisit la réforme sur ce point, comme sur beaucoup d'autres : la loi qu'il a établie se trouva rarement violée après lui."


Lien internet

Après on peut toujours disserter sur l'émotion, la musique... etc... dès lors que le cadre est établi, dans les règles de l'Art ! Sourire

Bonne fin de semaine
Où Poési(e) promène... Salut

Sol'M


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 22h12 le 07 Aug 20

Bonsoir Kerdel, je te remercie pour ton passage et suis ravi que ce poème t'ait plu.

Bonne soirée Salut Salut


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 22h13 le 07 Aug 20

Bonsoir Pierre,
Lorsque je parle de forme dans un poème du moins, je pense que la musicalité du vers est sous-entendue. Prenons exemple sur Mallarmé, un poète pour qui la forme eut une importance indéniable et souvenons-vous ce vers : « Aboli bibelot d’inanités sonores ». Quoi de plus musicale ? La forme d’un poème est très liée à sa musique.

Je citerais aussi Verlaine et sa fameuse ariette oubliée :
« Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?»

J’entends ( et dans toute la sémantique du verbe) le son désagréable que ferait une liaison avec « isolées » et « où ». Pour être honnête, je n’ai pas grand-chose à dire si ce n’est que j’ai imaginé le vers sans liaison et que si je devais lire cette phrase ou la prononcer lors d’une conversation, je ne ferai pas de liaison.

De toute manière, même si ce n’était pas le but de ma modification, vu que le vers en question a été modifié, je pense que la sonorité bizarre s’en est allée, elle aussi.

Bonne soirée, Pierre et merci pour ton passage.
Salut Salut


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 22h25 le 07 Aug 20

Bonsoir Solem,

Je n'ignorais pas l'existence de la règle dont il est question dans ton commentaire. J'en avais d'ailleurs déjà parlé quelque peu avec Jim dans Lien internet

Enfin, au risque de paraphraser quelque peu le message d'André qui est très complet, l'art littéraire s'adapte à la langue contemporaine. La règle du "e" caduc dans ce type de mots n'a de sens que si ce "e" est réellement prononcé à l'oral, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Il est correct, cette règle a été rarement transgressée par les poètes du moins c'est ce que j'ai constaté chez ceux du XIXe. Disons que je me suis autorisé cette petite liberté qui je pense en soi n'est plus une contrainte utile.

Je te remercie Solem d'être passé par ici et te souhaite une très bonne soirée Salut Salut

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