Salus
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Posté à 21h20 le 18 Sep 20
Topographie
Derrière le miroir du monde
Il est des limbes sous l’amer ;
Ce faux-tain tendu comme l’onde
Sur les dépressions où la mer
Camoufle une agonie immonde...
Ainsi des cimes de ces monts
Qu’un vertige nous énumère :
Tout paraît pur, mais nos démons
Dont l’essaim, plus ancien qu’Homère,
Grouille, sont diables et mammons !
Au verso des déserts de sable
On sait le grand erg intérieur
Brûlant du vide insoutenable
Dès que l’on perd cet air rieur
Par l’enfance seule capable...
Dans les friches de nos vingt ans
Miaulent et s’étiolent nos notes,
Sourdes même au gros de nos gens
- Sédentaires plus qu’Argonautes -
Fleurs du son cru de nos vains chants.
Du touffu des brousses d’idées
On entend gronder les acteurs,
Fils des logiques dévidées,
Grands fauves éradicateurs
Des vérités, déshérités !
Plus bas les gouffres, au profond,
Vers la karstique inconscience
Qu’insinue un coup d’écho, vont
Faire résonner de silence
Ces confins où tout se confond.
A l’ivraie envahie des villes
Le brin d’herbe est individu
Perdu parmi les foules viles
Où le quidam nanti vit du
Mensonge de ces lois civiles.
Sous le policé du glacis
Que le miroir du monde arbore,
Des crapauds troubles et rassis
Gâchent la surface où s’absorbe
Le reflet d’un penseur assis...
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Posté à 09h44 le 19 Sep 20
Cette topographie philosophale et dantesque image un au-delà où la ligne claire se brise.
Quelle belle alchimie poétique !
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Salus
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Posté à 16h28 le 20 Sep 20
Merci pour ton passage, ami Tigrou.
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Lau
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Posté à 19h44 le 20 Sep 20
Fatalité si bien rimée
Qu'une idée aussi empêchée
Ne pût au bout d'un bel écrit
Freiner ce rêve manuscrit :
Le son du chat qui perd son cri
Comme le dernier souffle au cor ;
Bientôt le félin rabougri
Ornera les ruines d'Angkor,
Ou mu sous quelque autre avatar
Il se purgera d'herbe drue,
Fille du rêve et de la crue
D'un fleuve où se pomponne Ishtar.
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Posté à 20h34 le 21 Sep 20
Gros temps sur la civilisation. Est-ce l'air du temps ou ne serait-ce que ses dérèglements qui te l'inspire ? Ou l'aire du temps qui s'étiole ?
Salut Salus, depuis le temps que je n'ai pas commenté.
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Salus
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Posté à 22h04 le 21 Sep 20
Répons à Lau :
Finalité mal arrimée
Sur une ides de mars pêchée
Dans le pur d'un obscur sanskrit,
Mon songe, man, pleure et puis rit !
Osons le jas, à priori
Son encre se balance encor
Au fauve art où s'est enchéri,
De ce trop funambulesque or,
Le "je" de mots dits à l'instar
Du parler d'homme de la rue
Avec la syntaxe incongrue
Dont s'affuble tout racontar.
Ce message a été édité - le 21-09-2020 à 23:16 par Salus
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Salus
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Posté à 22h06 le 21 Sep 20
Salut, Saintes !
"l'aire du temps qui s'étiole"
C'est bien joli, ça...
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