Jim
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Posté à 12h19 le 19 Oct 20
La mer est une langue ancienne qui nous parle.
Et ses mots tracent la carte qu'il nous faut déchiffrer.
Elle n'a pas de fin, mais d'infinis commencements appelés horizons.
Elle connaît l'art de l'enchantement, de l'étonnement, de la peur, de l'impatience et de l'attente.
Elle engloutit les navires, dispense ses dons, nous surprend avec des ports qui ne figurent pas sur les cartes faites par d'autres que nous.
Elle se fait douce dans ses vagues et cruelle dans ses tempêtes ; son eau est salée comme la sueur de l'effort, comme les larmes d'avoir tant ri, comme les pleurs d'avoir trop souffert.
Le navire est magnifique et, sur la coque, il y a ton nom à la peinture blanche. Durant ce voyage, tu es tout simplement toi-même.
Tu vas bientôt gagner ton port, la raison pour laquelle tu as traversé toute cette eau. Une nouvelle vie t'attend à l'arrivée, celle que tu avais toujours désirée avant de relever le défi du départ.
C'est la vie que tu avais si peur de demander qui vient à toi.
Tu as largué les amarres pour cette raison : pour arrêter de vivre en inopportun, c'est à dire sans port où tu puisses être qui tu es vraiment. Et pour ne pas importuner, pour ne créer ni confusion ni désorientation chez ceux que tu aimes vraiment, pour ne pas troubler ce en quoi tu crois vraiment. Pour ne plus errer en vagabond dépaysé, mais pour trouver un pays, une terre pour tes pensées.
Tu dois tenir bon : ils sont tous à t'encourager faussement à te résigner, quand tu voulais seulement t'autoriser à être faible, à te déclarer fatigué de t’accommoder de ce qui t'incommodait, de ce qui e te rendait pas heureux.
Tu demandes trop à la vie : ils sont tous à te le répéter, quand tu n'implorais que d'être pris au sérieux pour ce que tu es.
Alors tu as pris ta décision, tu as demandé à la vie ce qui te revenait et tu es parti.
Souvent, la force de faire un choix ne vient que de l'impossibilité à vivre sans le faire.
Les couleurs de l'eau sont ineffables, parce qu'on ne peut donner de nom à la lumière qui l'éclaire le jour – transparente, bleue, cristal , perle – et l'éteint la nuit – noire, vin, lune.
La mer connaît la loi de l'équilibre entre présence et absence, qui t'échappe si souvent et qui te terrasse dans l'attente de ce qui, pour l'instant seulement, t'est encore inconnu. Et de ce que tu n'es pas encore.
Son nom le fait père en italien, il mare.
Elle est mère en français, la mer.
Et neutre dans les langues slaves, more.
Extrait de « La part du héros – Le mythe des argonautes ou le courage d'aimer »
Cette jeune italienne (33 ans), blonde et belle (pour céder un peu aux standards...), prouve qu'il existe des jeunots dotés de goût, de culture, d'intelligence dans le plus simple appareil de la grâce octroyée par... une bonne architecture qui les dresse. Combien cela change des approximatifs inachevés ! En la lisant, je ressens la même chose que lorsque je découvris Tournier et Yourcenar : la plume d'un véritable (et donc grand) écrivain. Pas écrivaine, cette horreur qu'adoptent ceux n'ayant pas l'oreille musicienne, qui entend par en-dessous, parité oblige, que toute œuvre issue d'une plume féminine ne pourrait être que vaine. Donc, un grand écrivain femme ! Et j'em..... les cloportes ! J'invite donc à lire, et conséquemment soutenir, Andrea Marcolongo.
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