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Posté à 09h43 le 23 Jan 22
El Esclavado
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Je suis le voile ombreux du veuf, - olé olé,
Qui se couvre d'opprobre, une vieille folie
Si ma chandelle est morte, - et mon teint vérolé
C'est sous le noir portor que ma peau s'exfolie.
Au tombeau ma nuit blanche en preux rafistolé
Rends ma Phrygie viride en froide Anatolie
Et en mille morceaux mon cœur bariolé
Sur la treille où j'étrille une rose ennoblie.
Suis-je médicament ou granules Boiron
Ainsi qu'un sparadrap sur ma triste bedaine
Lésinant à couper le souffle d'une haleine.
Que n'ai-je du subir de Claude ou Néron
Le supplice de pal et sa pointe effilée
Au bas des gémonies avec la bouche enfilée.
Le Dimanche 23 janvier 2022 ©
pastiche de Gérard de Nerval
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Posté à 10h11 le 23 Jan 22
Sous son noir portor de Phrygie, el esclavado a conservé sa verve, d'autant plus remarquable qu'il ne s'exprime pas dans sa langue maternelle.
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Posté à 10h32 le 23 Jan 22
Tous ces mots sont fort bien enfilés...
La toile sonne bien...
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Posté à 16h49 le 23 Jan 22
Merci Pyier ;) j'ai ouvert cet item pour ceux qui on envie de pasticher l'original, je viendrai en déposer quelques-uns
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Posté à 16h50 le 23 Jan 22
Merci Antoine d'être passé entre mes lignes
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Lau
Membre
Messages : 1931
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Posté à 20h38 le 23 Jan 22
El huevo cocido
Je cuis, blanc, beige, ocreux un œuf mais pas fêlé,
Un d’émeu –quelle aubaine- importé d’Australie ;
Le feu du poêle apporte au liquide emballé
La bulle, y glousse et participe à l’homélie.
Y fuit, meurt un nouveau, souffrant, déboussolé,
Poussin, qui premier flip, ne verra l’abélie,
Ni l’heur qui s’offrait tant à ce frais ovulé
D’avoir l’honneur de grignoter quelque ancolie.
Cuisissè-je en bonus un fœtus de héron
Qu’on m’immolât, mollet, « Ne touchez point la graine ! »
Moi qui ne trouve à ce mets ni d’odeur sereine,
Ni le plaisir d’un goût dont je serais luron.
Je cuis des œufs, en omelette, à l’étuvée,
Ça me remplit la tête et m’occupe l’uvée.
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Posté à 22h26 le 23 Jan 22
Merci Lau de cette talentueuse contribution,
Ce message a été édité - le 23-01-2022 à 22:29 par Kerdrel
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Posté à 06h53 le 24 Jan 22
El destripador*
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Serait-il ce vantard qui se faisait mousser
Prince de Danemark délaissant Ophélie
Et qui en eut assez de voir se trémousser
Ce corps, qu'il décida de réduire en bouillie.
Devant lui son forfait, au grand jour, apparaît
Sans tombeau, son étoile est morte et il oublie :
Que l'humeur par hasard avait laissé un trait
Paraphe de l'auteur, trahissant sa folie.
Aaron s'est égaré car Jack n'est pas Hamlet
C'était bien essayé, jamais pris sur le fait
Son front est rouge encor de son ignominie.
Dans le soir tamisé, il traverse le Styx
Le nocher qui l'attend lui prête un crucifix
Et ses victimes crient autour en harmonie.
Kerdrel août 2020 ©
* Jack L'éventreur, Aaron Kosminski auteur des crimes trahi par son ADN
Ce message a été édité - le 24-01-2022 à 06:54 par Kerdrel
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Posté à 09h28 le 24 Jan 22
El Sonnaïko
Sur le Pausilippe
à mille lieues de Biron
le beau ténébreux Philippe
lisait Cicéron
Il fumait la pipe
et pour exhaler des ronds
il ovalisait la lippe
tel un macaron
Sa mélancolie
sous le soleil d’Italie
avait fait un flop
Il cueillait sans peine
les baisers de la Syrène
Tout était au top
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Posté à 09h29 le 24 Jan 22
Bravo Kerdrel et Lau
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Jim
Membre
Messages : 3951
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Posté à 13h09 le 24 Jan 22
Je contribue, en restant fidèle à Nerval, par ailleurs…
Lien internet
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Posté à 04h25 le 25 Jan 22
El desterrados*
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Je suis l'invertébré, visqueux versiculet **
Ce prince dédaigneux toujours en queue de pie
Dont la chandelle est morte au large de Nauplie
Jouant du sirtakis sur son ukulélé.
Ainsi que le lombric au corset annelé
Nulle métamorphose après mon atrophie,
Rends-moi mes ailes, et ma belle Pamphylie
Pour que je puisse un jour me remettre à voler.
Le poète est semblable à ce ver dénudé
Sous la terre il se tord, avançant en aveugle
Tel qu'en son labyrinthe, Astérion***, lui beugle.
Mais sans être entendu, pas le moins écouté
De qui doit-il encor subir le sortilège ?
Pour sortir de sa lyre, un soupir, un arpège.
Kerdrel 2021 ©
* Le banni
** Vieilli, péj. Petit vers.
*** Le Minotaure
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Posté à 07h26 le 27 Jan 22
El Desconocido*
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Je suis cet enfoiré, Laurent de Médicis
Prince de Machiavel mais sans la panoplie
Complètement bloqué dans une catharsis,
Buvant au noir soleil, son suc jusqu'à la lie.
Ma chandelle vacille attendant l'embellie
Je n'accorderai plus aucun de ces mercis
A quiconque rira devant cette embolie
C'est sans fleurs ni couronne et tout le tralala
Que froid, gît sur ce lit, mon corps de cancrelat.
Au loin retentira le doux chant des sirènes
L'appel d'un inconnu viendra boucler le show
Comme un écho bizarre à mes calembredaines.
Chassant le naturel au sein du bungalow
C'est vraiment pas de bol et encor moins de Pauw**.
Kerdrel ©
* L'appel inconnu
** Sonnet 4532, chiffres de la constante van der Pauw
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Posté à 07h39 le 27 Jan 22
Souvenirs, souvenirs
Je suis la Pauwésie. Un type un peu fêlé
— connu dans le vingt-neuf pour sa mélancolie
depuis qu’en vill’ la cornemuse est abolie —
m’a sortie de l’abîme au son d’l’ukulélé.
Sur un malentendu, je suis venue au monde
au sein d’un microcosme où la contrainte abonde
et qui répond au nom classieux d’Oulipo.
Du coup, mon inventeur, à l’âme vagabonde,
loue l’irrationnel qu’on doit à van der Paw.
Puissé-je un soir rougir du baiser de la Reine,
évoqué joliment par l’el desdichado,
et causer de la Grotte ou nage la Syrène.
Puissé-je aussi, peut-être, inspirer les ados
qui brûlent de jouer à la bête à deux dos.
Ce message a été édité - le 27-01-2022 à 07:40 par Pierrelamy
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Miouz
Membre
Messages : 347
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Posté à 09h25 le 27 Jan 22
Kerdrel
J'apprécie particulièrement la manière dont vous maniez les mots, pour en faire un poème fluide et de belle facture.
Bravo aussi aux participants qui ont enrichi votre envoi.
Ce message a été édité - le 27-01-2022 à 09:32 par Miouz
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