Négligé par les dieux, mal pourvu par Titan,
Ma chance de survie se trouve dans le groupe.
La peur est la raison qui me maintient en troupe
Et, d'être en foule ballotté, j'en suis content.

Si je pense fort peu, je suis qui hurle fort,
Et je gronde souvent contre ce qui m'attache,
Contre ce chefaillon que je traite de tache,
Qui de lutte réduit et le risque et l'effort.

Il me donne raison d'obéir, car ça urge !
Pris dans le nombre, je ne vois où nous allons
Et, même si je trouve ce chemin bien long,
C'est toujours mieux d'aller où nous conduit Panurge

Plutôt que d'explorer, sanglier solitaire,
Les chemins hasardeux où me mène mon nez !
Si je crie liberté ! en restant enchaîné,
C'est parce que je crains d'être l'alimentaire

D'un fauve à grandes dents qui goûte ma chair tendre.
Je sais n'être qu'un lâche aux rêves sans honneur ;
Pour repousser au loin l'instant de dernier heur,
Mieux vaut être un goupil qu'un héros sous la cendre.

Aussi, contre Garou, rarement je m'insurge.
Je suis prêt à trahir qui j'aime et mes idées
Car, de durer un peu, me voilà obsédé.
Donner ma vie à lire est une verte purge ;

D'espèce dominante, suis le bel exemplaire...
Sans doute mon destin fut écrit dans mes gènes :
Hurler avec les loups et rire avec les hyènes !
Est-ce un chant de sirène, ou d'un âne le braire ?

Le temps d’apprendre à rire, arrive le bastard,
Il est d'un sang impur, il n'est pas hémophile,
Abreuve de Sion l'amour qui se défile,
Il ne vaque plus nu, vêtu d'un beau costard.

©Persona

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Ce message a été édité - le 22-11-2022 à 22:57 par Jim

L'instinct grégaire mis en poème.

J'aime beaucoup ces vers :
Mieux vaut être un goupil
Qu'un héros sous la cendre

Exactement cela, Miouz, un bénéficiaire de cela qui rechigne, et se débrouille avec ses contradictions...

J'abonde dans l'idée de ce constat :
Se débrouiller avec ses contradictions
Car, si l'on ne sait pas où nous mènera tout cela,
Admettons au moins que nous ne sommes de la chaîne qu'un maillon !