Les Césars
par Salus
Alexandre éponyme, et dans l’alexandrin
Je dirai des Césars les fastes et le train :
Depuis que Pharaon lança l’hégémonie,
Cette forme d’abus par le peuple honnie,
L’ère des grands diktats s’est ouverte aux furieux
Dont l’armement sanglant fait l'ordre impérieux.
Ils épuisent le monde et rasent tous Carthage !
Conquièrent l’azimut, distillent le ravage,
Terrorisent les gens, offrent viols et douleurs
Faisant couler à flot tant de sang que de pleurs,
Et pour que tout soit pur, équarrissent les races !
Ils ont le sbire atroce et des familles grasses,
Le respect des Etats, voisinant ou lointains,
Et la bouche tordue en morgues et dédains
Pour le vulgum pecus écrasé sous la botte,
Mourant dans la torture aussitôt qu’il sabote
Le monde merveilleux instauré par le fer,
Par le feu, par le nerf de bœuf, et par l’enfer !
Dans leur sommeil affreux - c’est le sommeil du juste -
Calme et profond, le rêve érige un géant buste
Où, père des nations, l’univers sous le pied,
« Veni-vidi-vici » sur la stèle leur sied !
Grotesques et rusés, puis le mental infâme,
Ils prêtent volontiers aux êtres humains l’âme
Dont ils sont dépourvus, et croient dans un « Bon Dieu »
Dont ils seraient chéris, parmi tous, en tout lieu,
Comme un Graal plein de pus, comme une plaie élue
Par un démiurge ignoble et souffrant de berlue !
Ramsès ou Basileus, Califes, Khans, Songais,
Karles, Tsars, Sultans, Abbadides, Mandingués,
Salomonites, Alaouites, Mings… encore ?
Empires, potentats : l’Agamemnon s’y dore !
Dans cet Armageddon se perd l’humanité,
Quand Caligula laure une Ogre vanité,
Quand Attila propage un immense incendie
Et quand Irène arrache, aveugle et congédie,
Les yeux, son fils, pour mieux dominer le charnier !
Capet ! Théodora ! Stuart ! Tous vont régner !
Les temps modernes n’ont pas bloqué les massacres ;
L’autocratie, encor ! comme scie, et les sacres ;
Napoléon, Xianfeng, Mussolini, Hitler !
Et Staline, et Mao, tous ont bien pompé l’air
Du peuple exsangue et roide, aux amours trop naïves,
Propulsant au pouvoir des crapules natives ;
Pol-pot et Pinochet, Hô-chi-minh ou Franco,
Qui considèrent l’homme, ainsi qu’un pion de go,
Qu’on peut sacrifier, tuer, échanger, prendre ;
Les rois se croient nos preux, quand ils ne sont qu’un ventre !
Millénaires perdus de bonheur et de paix
Vous succombez toujours sous la faux et le faix
De dictateurs véreux, louches mégalomanes,
Et dont, pieusement, l’histoire orne les mânes !
Se pourrait-il qu’on goûte, ô vie, à ton trésor ?
- Rien n’a changé depuis Nabuchodonosor ! -
Poème posté le 05/04/17