À l'ouest de l'oncle Sam
par Jamespx
par Jamespx
Au bout de la terre
Si on veut savoir où l'on va
Il faut savoir d'où l'on vient
Je suis comme le facteur cheval
Une fois en selle
Je ne me pose pas de question
J'écris au galop
*
Los Angeles
Les pieds dans le sable du Pacifique
En passant chez Universal
On se ramène ici pour rêver
Mais tous les piétons sont suspects
La vie c'est la clef du toucher
Ici on court après
Le mythe s'éteint
La colline porte-t-elle bien son nom
Au bout d'Hollywood boulevard
Les étoiles se confondent
À la misère des sens
Les détritus tuent
Je n'avais jamais vu autant
De graisse autour d'un squelette
Je quitte l'enflure
Plein Est
Demain sera un autre jour
*
Bullhead
Le désert est-il le paradis
Uniquement des géologues
Et autres animaux sans compagnie
42 degrés à l'ombre d'un joshua tree
En plein désert des Mojaves
Je tombe sur un bruit de crécelle
Bien que la seule chose que je maîtrise
Est le pardon
Il y a des moments de solitude
Où seul l'amour te dirige
Vers la bonne destination
Sans courir l'effet de foehn
Me sèche le bas du dos
Plus vite qu'un James Dyson
Face au vert gris du Colorado
De l'autre côté du fleuve
Les lumières d'un bateau casino
Invitent la nuit à la roulette
Alors qu'ici le jour ne meurt jamais
Les yeux dans mes tongs O'neill
Toujours du gras entre deux jetskis
La climatisation bat la mesure
Mes oreilles chantent
Born in the moon
Je me suis réveillé
Les pieds dans la machine à glaçons
Prêt à repartir
Vers plus de pitié
En attendant la route 66
Bullhead restera une énigme
Un poisson en plein désert
*
Une belle histoire
De kingman à Seligman
Quelques vestiges
Ressemblent aux pièces du puzzle
De la fameuse transcontinentale
Entre vieilleries poussiéreuses
Et souvenirs importés d'asie
J'achète un magnet 66
Pour le Frigidaire
Et traverse l'air
De trois clichés de carcasses
Qui ne demandent qu'à mourir en paix
Cloué à l'asphalte
J'essaie de maintenir la légende
Ce n'étaient que des mots écrits sur du sable
Une belle histoire
*
Las Vegas
En pleine kermesse populaire
Épouserais-je l'ombre verdâtre
Sur le carreau d'un dernier vertige
Mais où est donc passé
Mon ultime Washington
Sans doute dans la fente du hasard
Où s'évanouissent
Les uns après les autres
Tous ces uppercuts du rêve clandestin
Toujours en ébullition
Même dans les pensées les plus avares
Ou casanières
Cette vieille dame de trèfle
Qui pique nos poches de coeur
Las Vegas la stupéfiante
M'a flingué pour un temps
Ma paranoïa écophile
Je nage désormais
Dans la cour des miracles
De sons et de lumières
Ininterrompus
Au petit matin
Hors champ des miroirs
Une fumée d'ocre rouge
S'échappe de mes pieds
Est-ce le ciel de Monument Valley
Qui appelle à la méditation
*
Diné bikéyah
Plus profond qu'un rêve
Plus déchiré qu'une souffrance
Monument Valley
Et ses dentelles rouges
Qui affrontent l'azur
M'offrent un tableau grandiose
Je m'approche sur la pointe de ma curiosité
À ces pieds
Des maisons de fortunes
Des hommes libres et prisonniers
De la couleur de leur terre
Qui forment un cercle soudé
À l'intérieur d'une réserve interdite
Un mirage d'espoir après le crime
De chaque côté du bitume
Une ligne continue de barbelés
Rappelle que la croix
Divise l'air des sains esprits
Et si le blanc hisse un drapeau
Avec des étoiles qui évoquent l'union
Tant de paradoxe
Au cœur des quatre montagnes sacrées
Le rouge se tourne vers Hesperus Mountain
Où l'étoile du soir
Tient le crépuscule dans ses mains
Et chante
" Souffrez que je vous salue "
À la fois émerveillé et révolté
Je m'endors à Mexican Hat
Au bord du fleuve San Juan
Avec ce goût de terre brûlée
Qui questionne mes lèvres gercées
Demain le ciel sera-t-il encore vierge
*
Géant
Ce corps qui me porte
A rejoint mon imagination
Pour jouer à cache-cache
Dans l'amphithéâtre de Bryce Canyon
Entre Hoodoos et Shipmunks
Pour respirer l'immensité
Du Grand Canyon
Où mes yeux cherchent encore l'abîme
Le fil de l'histoire
Pour chausser la courbe d'eau verte
D'Horseshoe Bend
Les pieds au bord du précipice
Pour marcher le long de la rivière Virgin
Au cœur des falaises de Zion
Pour caresser le dos ciselé
Du Cheskerboard Mesa
Pour me mesurer aux séquoias géants
Du Général Sherman
Cette âme qui m'emporte
A rejoint le fantastique
Death Valley
Où le temps finira par m'embaumer
De sel et de sable magique
Sur la vapeur horizontale de la fournaise
Je voyage pour être étonné
*
Sacramento
À Old Sacramento
Je marche sur des planches
Qui chantent le Far West
Entendent siffler le train
Et les balles perdues
D'un duel au soleil
Sous le porche de la librairie vintage
Je vois dépasser d'une étagère
La tête de Benjamin McCulloch
Avec une étoile de Shérif
Où Presumed Innocent
Et Farewell My Lovely
Cherchent preneur
La ruée vers l'or a quitter les quais
Mais un monstre d'acier noir
Campé sur ses rails
Évoque avec force
L'effervescence de ses années folles
Où la liberté avait un prix
Libéré sous caution
Mes yeux descendent la rivière
Rejoindre la baie de San Francisco
*
Sidewalk
South of Market
Et tendu là
Quémandent
Tant de bras mauves
D'indifférence
De ces yeux sans logement
Se décroche la démence
Qui roule jusqu'à mes pieds
La libellule prend la plume
Mais ne parle pas sa langue
L'homme de Financial District ne réagit
Que lorsqu'il a du sang sur les mains
À l'air libre de Twin Peaks
Le ventre plein d'œufs
Vrombit une mouche bleue
Une araignée faucheuse l'observe
Et l'a piège dans sa toile
Le travail accompli
L'araignée s'en va
Tisser l'esprit du poète
*
Golden Gate Bridge
Un matin d'hiver en plein été
Mon petit gars mon amour
Il ne m’était jamais venu à l’esprit
Que je pouvais te faire pleurer
Que je marchais sans être suivi
Je ne peux pas garder ça pour moi seul
Tout ce qui n’est pas vu s'efface
En embrassant l'aurore
La brume s'évapore
Des ombres rouges apparaissent
Et se dressent à la lumière endiablée
Une structure inouïe
Surgit de nulle part
Chantant l'air pacifique
Admiration et vertige
Sur le Golden Gate Bridge
*
Gripman
Lorsque l'homme se précipite
Le diable sourit-il
Sous mes pieds
Entre Hyde et Lombard Street
Les rails bourdonnent de plus en plus
Et passe à pleine vitesse
Chargé comme une mule
Aux heures de gloire
De la ruée vers l'or
L'icône de fer et de bois
Le San Francisco Cable Car
Ses étincelles dévalent la pente
Sans perdre conscience
Et frappent si fort mon objectif
Que l'image instantanée
Est un amas de copeaux de lumière
Où seuls se distinguent
Accrochées à la poignée
Les dents du Gripman
Un demi-tour attractif
Et le manège redémarre
*
Extrait À l'ouest de l'oncle Sam écrit chaque jour sur une tablette en Californie, en Arizona, en Utah et au Nevada en Août 2017
Poème posté le 08/09/17