Aux soufis de mon temps
par Madykissine
Aux soufis de mon temps
Quand, dans le grand miroir de la coupe j'ai vu
Le reflet du visage et qu'alors j'y ai cru,
Une chaleur étrange a pris ma conscience
En entendant le vin rire avec sapience.
Sachant le paradis si loin de mon pays,
Je prenais mon envol, mon cœur était épris
De la belle figure, au premier jour du monde,
Et d'autres, cependant, se reflétaient dans l'onde.
Un pareil m'attirait puis de doux opposés.
Je m'égarais souvent, cherchant la vérité
Tant l'angoisse prenait, à travers ces facettes,
L'énergie de l'amour pour un dé que l'on jette.
Ce n'est pas pour cela que je tombai si bas
Mais pour le lourd chagrin que je n'expliquais pas
Car le pacte divin que me montra la roue
Luisait entre les pleurs qui coulaient sur ma joue.
Comment sortir vivant de la rotation
Terrible de ces jours brisés de passion ?
Mystère de l'amour, que m'as-tu donc fait boire ?
Un glaive de chagrin leva sa lame noire
Et je sentis mon cœur saigner sur son parcours.
L'échanson de la nuit m'étourdit sans retour
Mais sachant le trésor infini qu'il recèle
Il me fallait descendre au pays de Cybèle.
Un mendiant mal vêtu me souriait alors.
Mon frère, mon ami, reviens, buvons encor.
Du recueil de la Rose
©M.KISSINE – ISBN 9782919390342–DLE2015
Ce recueil est inspiré de la traduction du Divan
d’Hafez de Chiraz, par Charles-Henri de Fouchécour (éditions Verdier 2012)
Jamais langage religieux n'a été plus fleuri, plus voluptueux : où le vin représente la dévotion, la taverne un oratoire, les baisers et les étreintes, les extases de la pitié, le libertinage et l'ivrognerie traduisent l'ardeur religieuse et la séparation d'avec les pensées mondaines.
Omar Ali Shah
Poème posté le 15/10/18
par Madykissine