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Modernité
par Jim


Chut ! Taisez-vous, il ne faut pas dire cela ! Vous serez étripé si tel propos tenez ! Tous les vingt ans, il est bon, d'avec ses aînés, Avoir rompu. Quel coq à ce jeu n'excella ? Le musicien n'a plus besoin de son solfège, Et le pianiste ne fait plus aucune gamme... Apprendre est bien trop long, il faut que l'on allège En jetant la contrainte au plein cœur de la flamme. Je suis moderne et je ne skie que hors la piste, Qu'après avoir suivi un cours sur internet... Je ne supporte pas l'échec qui me rend triste ; J'affiche le costard du voyou propre et net. Car je suis un rebelle, aux heures d'ouverture, Toujours prêt à crier ce mot de liberté Que je ne comprends pas, car je crains l'aventure Et défends mes acquis avec grande fierté ! Je suis produit d'usine assuré qualité, J'ai le look distingué qui me différencie Du produit présenté, à chaque fin d'été, Par mon rival voisin qui se vend lui aussi. Je jette ce fatras pour clamer, en désordre D'une écriture inachevée, que je n'ai rien, Mais vraiment rien à dire, en demeurant aux ordres D'un marchand qui surveille à promouvoir son bien. Mes peines de cœur, mon bouton sur le nez, Le prof qui me pelote et ce monde imbécile Qui ne me comprend pas, ô je suis malmené Par tous ces gens méchants, moi qui suis si docile... Bien sûr, il y a les malheureux, ceux qui meurent, La faim, la maladie, et puis l'exploitation... La guerre qui jamais ne met ses morts à l'heure, Et contre tout cela, j'adhère à fondation. Finalement, ces malheureux, ils ont du bol ! S'ils étaient comme moi épargnés, alors Ils souffriraient du spleen qui me serre le col, De l'angoisse et du stress... que je transforme en or ! C'est le psy qui l'a dit, au-delà du malheur, Vous touchez ce diamant noir commun à l'humain Et de l'abîme côtoyez bouquet de fleurs, Ce fumier sur lequel poussent nos lendemains. Et comme vous avez été bien éduqué, Avez traîné vos boots dans une chouette école, Moins soucieux d'étudier que des culs reluquer, Vous êtes, d'affronter ce monde qui rigole, Enfin prêt, pour narrer, charmant petit veinard, Cette vie palpitante où il n'arrive rien. Vous mangez, vous dormez, cuvez votre pinard, Vous baisez quelquefois, tout comme les chiens. Et en plus, vous osez tartiner mon présent De vos insanités. Vous tournez, vous tournez, Votre jugeote encore aux abonnés absents, Tambour d'une machine aux linges oubliés. Au sein d'un comité privé et bien fermé, Vous aimez contempler votre vide béant ; Chacun de vos écrits, dans ce faste semé, S'augmente dans l'oubli, poussière du néant.

©Persona

Poème posté le 29/09/22 par Jim


 Poète
Jim



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