Entre la mort et moi j'ai mis de la distance
Il en fallut du temps pour atteindre cela
N'être plus une bête en mon cri se scella
Quand je passai de chose à la vive existence
Je quittai les chemins de la ronde du ciel
De ce cercle sorti n'étant plus migrateur
Mes jambes à mon cou devins explorateur
D'achevé mon futur s'ouvrit incrémentiel
Fuir fuir cet animal que si longtemps je fus
Du monde corruptible aspirer au céleste
Où dansent sans bouger les astres dans leur feste
Et n'être plus ce fauve qui reste à l'affût
De cette pauvre chair qui craint de ne durer
Tantôt celle de proie ou tantôt du chasseur
Je n'ai nul autre but que d'éloigner la peur
Pour cela je choisis d'aimer vivre emmuré
Dans l'enclos tout est beau tout est bien et aimable
Et j'ai dicté la règle afin que cela dure
Dehors est le danger et dedans l'onde pure
Dehors règne la faim et dedans belle table
Le métèque et barbare au-delà de l'enclos
Convoitent tous les fruits poussés en mon verger
Autant que la charrue l'épée en ma main j'ai
Car au xénon ne céderai le moindre lot
Voici longtemps je dus face à l'attroupement
De ceux vivants à l'extérieur de mon domaine
Voyant à quelle ruine une révolte mène
Briser l'élan faisant que toute langue ment
Dans quel but mes enfants voudriez-vous sortir
Tandis que règne ici le jardin des délices
Quels demains voulez-vous que je vous garantisse
Si d'ici cultiver vous préférez partir
Ailleurs tout est à faire et vous en souffrirez
Il est non loin d'autres pays où la paix règne
Mais vous faut-il changer cette eau en quelle baignent
Vos rires vos éclats sans lesquels vous n'irez
Pour ne plus voir en moi la bête que je crains
J'ai vêtu vêtements me suis dissimulé
Suis-je un homme une femme ou bien même un mulet
Des amours au coït je ne suis plus contraint
Rien autant ne rappelle à l'esprit ce devoir
Ô combien animal qu'il me faut reproduire
Cette unique façon qu'on a de ne pas nuire
A l'infini des jours que je ne pourrai voir
J'ai cependant trouvé de multiples remèdes
Pour agrandir l'écart entre ce moment là
Et ma douce amnésie Entendrai-je le glas
Le soir vient qu'à la nuit le soleil même cède
Pourtant j'ai inventé des moyens et des lois
Afin que sur autrui s'abatte la sentence
Pourtant j'ai mérité maintes fois la potence
Afin que sous ma crainte un autre que moi ploie
J'ai pourtant épaissi de toutes mes astuces
Ce vêtement cousu de nombreux artifices
Qui ne m'expose plus à tous ces sacrifices
Ô civilisation N'es-tu qu'un sac à puces
Suis-je fleur du jardin Suis-je propriétaire
J'ai construit des monceaux d'ignobles artefacts
De bâtisseur tous voient la splendeur de mes actes
En immense poubelle ai transformé la Terre
Quand achevée sera cette séparation
De l'animal en moi et de l'ange non chu
Dans l'arène on verra la bête au front crochu
Renvoyer la lumière en ses constellations