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Auteurs Messages

Salus
Membre
Messages : 6938


Posté à 21h13 le 24 Feb 20



Procès



L’amour, la beauté, la jeunesse ?
Acquitté !
Et des crimes absous ;
la lumière, un sanglot d’or entre les ombres ;
de l’amitié jamais absente à la solitude maudite,
d’anciens rires en instance : les pardons furieux de la trahison !
Aux mémoires immolées, pêle-mêle, des lectures et des moires
lamellées, et la soierie des vers dorés, montagnes bleues,
gouffres clairs,
horizons d’océans dégagés…
Un chemin - nulle part -

Puis ce sont des rochers, de gros blocs gris,
des dos de pachydermes verts de mousses et bruns d’humus
parmi les eaux éclaboussantes de sinuosités rapides et d’ardentes
cascades menues qui courent leur fraîcheur…
Un entrelacs de lianes, là, trempe de longues tiges à l’onde
où varie l’argent fluide ;
il tourne et passe aussi des poissons, paissant le fond fangeux.
Tout autour de la gorge, effrénée, la forêt semble une barbe
Infinie.
Dans l’air tremble la chaleur impavide du ciel .

L’amnistie va plus loin : blanchi aux tempes comme au ventre
de tous les péchés et méfaits de jeunesse, c’est un prévenu vierge
qui marche de nouveau, l’âme au bord des abysses, dardant un œil
scrutateur aux vertiges figés de chemins interdits.
Des anges païens lui sourient avec perversité.

La certitude est absolue - tant il n’est rien que ne doive effacer
Le passage du temps. La vérité stridule sans cesse en une note aiguë,
un son rond et coupant qui chante un ravage définitif, mais c’est du vide
aléatoire et de cette goutte de vie et de feu qu’il nous revient obstinément
ce plaisir du présent et l’espoir insensé d’une seconde intemporelle…

Telle une danse de phalène,
en un seul vol dans un rayon de lune,
l’on s’accoutume,
et dans les sous-bois caressés par le vent
s’attarde une promesse
fausse
d’éternité.



Lau
Membre
Messages : 1922


Posté à 09h14 le 25 Feb 20



On oublierait l’échéance, à parfois stagner dans le beau.

Lyrique, éthéré, mystérieux… Libre. Et des sons qui s’appellent : immolées/lamellées ; mousses/éclaboussantes ; poissons/paissant ; vertiges/figés…
Fluide, pour le moins ! Vivifiante montée-descente: "Non-lieu", Play it again Salus !


Salus
Membre
Messages : 6938


Posté à 11h03 le 25 Feb 20


Merci pour ce non-lieu...


Vie
Membre
Messages : 738


Posté à 11h39 le 25 Feb 20

l


Vie
Membre
Messages : 738


Posté à 11h45 le 25 Feb 20

oups! désolée mauvaise manip…

j'sais pas, j'voulais vous parler de la comédie humaine et de l'impréhensible mais à quoi bon…

Plaisir de vous lire et de plonger dans des profondeurs qui nous sont communes, enfin il me semble Coucou


Salus
Membre
Messages : 6938


Posté à 18h33 le 25 Feb 20




Gamme



Nul ne me sait ni ne me lit,
Il n'est pas mon nom dans la presse,
Prince ! Je n'ai ni feu ni lit,
Et tout autant qu'il me paraisse

Peu d'espérance en ces futurs
Où le temps va, qui tout arrange,
Démon, des maux et des fadeurs
Aplanissant l'envie orange...

Je vais dans l'or qu'est d'être seul,
Et sous des cieux de bas étages,
Poursuivant Nietzsche, Rimbaud, Hegel,
Je ménage pauses et plages,

Au discours, pour que le lecteur,
Sur une musique aérée,
Puisse suivre comme une sœur,
Du réa, bastaque gréée,

La poulie, au palan mental
Dont on soulève les idées
En des fragrances de santal
D'Orientales héritées !

Ainsi donc, laissez-vous bercer
Par le poème impréhensible
Qui fera de vous le berger
De sa philosophie.
Au crible

De la rime, en ses sens doublés
De syncopes allitérées ,
La symphonie où chantent les
Notes des langues éthérées


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


Fâché !

« Quand j’entends parler
de culture, je relâche la
sécurité de mon browning ! »
(Hanns Johst)



J’ai fini par être vieux,
Et… tu m’aurais connu mieux,
T’aurais pas cru ça possible !
Maintenant que je ne dribble
Plus la balle de mon sort,
Maintenant - toujours pas mort -
Que l’ancienneté m’assaille,
Que je vais, vaille que vaille,
Promener mes membres gourds,
En marmonnant des ouïgours
Impréhensibles de rimes,
Ferraillant en des escrimes
Qui, tant de taille et d’estoc,
Frappent le vide ou le toc
De la culture actuelle
Dont le néant me tue, elle
Qui ne croit plus qu’aux flonflons,
Nonobstant les sanglots longs
Jadis pleurés par Verlaine
Et la Mort - vieux Capitaine-
Que, Baudelaire, à grand cris,
En beaux vers tu nous décris ;
Maintenant, si tout me barbe,
Si tout birbe vaut un barde,
Si chaque chanteur crétin
Est « grand poète » - mâtin ! -
Je fuirai cette indigence
Où se vautrent - pauvre transe -
De la France les cerveaux
Censés éclairer les vaux
Littéraires, ces obscures
Déclivités, des peintures
Intellectuellement
Chatoyantes - mais tout ment !


… Or, peu chaud pour nulle chiourme,
Ayant bien jeté ma gourme,
Au silence je retourne !





Ce message a été édité - le 25-02-2020 à 18:35 par Salus


Lau
Membre
Messages : 1922


Posté à 19h53 le 25 Feb 20


A propos de procès... [si ça gêne le silence, je le vire]


Pierre
Membre
Messages : 6471


Posté à 09h39 le 26 Feb 20

Salus, je ne sais pour tes autres lecteurs, mais ton "Procès" parle à ma vie à mes sens (mais est-ce si différent?) beaucoup plus que d'autres de tes poèmes.

Parfois, on ne sait pourquoi des vers vous agrippent...


Salus
Membre
Messages : 6938


Posté à 18h40 le 26 Feb 20


Je suis content que ça t'ai plu
Mais je ne sais comment le prendre
Quand ton propos semble pourfendre
Le reste de mon œuvre lu...


...Bon, mais t'as le droit, hein, pas de lézard !


Pierre
Membre
Messages : 6471


Posté à 09h17 le 28 Feb 20

Pourquoi pourfendrais-je?
Je lis, parfois j'aime.
Ces mots sont sans piège,
J'aurais trop la flemme… heureux


Ottomar
Membre
Messages : 1254


Posté à 09h41 le 28 Feb 20

Très beau, très fort, essentiellement poétique, touche et résonne en moi.


Salus
Membre
Messages : 6938


Posté à 23h17 le 28 Feb 20


Oh !
Merci, m'sieur !

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