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Auteurs Messages

Jim
Membre
Messages : 3943


Posté à 15h58 le 13 May 21

Méditation

On aime d'abord par hasard,
par jeu, par curiosité,
pour avoir dans un regard
lu des possibilités.

Et puis comme au fond soi-même
on s'aime beaucoup,
si quelqu'un vous aime , on l'aime
par conformité de goût.

On se rend grâce, on s'invite
à partager ses moindres maux.
On prend l'habitude, vite,
d'échanger de petits mots.

Quan on a longtemps dit les mêmes
on les redit sans y penser.
Et alors, mon Dieu, l'on aime
parce qu'on a commencé.

**********

STEREOSCOPE

Je ne veux pas les voir. Emporte ces clichés
où tient, dis-tu, notre voyage et son histoire.
Mes souvenirs sont bien plus beaux dans ma mémoire.
Tu les éloignerais, voulant les rapprocher.
Emporte ces clichés où tout meurt et s'étrique,
où le passé charmant apparaît dépouillé
de sa couleur, de son parfum, de sa musique,
tandis qu'un détail bête y revit tout entier
avec une importance irritante et cruelle.
Ma mémoire est plus fidèle
qui sait si bien oublier.
Elle a sans doute un peu brouillé
les lignes, défait les contours,
estompé les décors qui restent imprécis...
Mais au souvenir réussi
elle a laissé son goût d'amour.
Elle conserve mes bonheurs
et me les tend au moindre appel,
avec leur douceur, leur saveur,
avec la hauteur de leur ciel.
Je n'ai qu'à les lui demander,
les heures que je veux revivre.
Elle a tout gardé, tout gardé :
l'âpre odeur qui nous laissait ivres
de ce bois de pins sur la mer,
le goût de vent et de grand air
qu'avaient nos baisers sur les dunes,
le village, le carrefour
des chemins où l'on s'est un jour
tant disputé, notre rancune,
notre interminable retour,
et les larmes et le pardon,
et l'église, et notre maison,
et nos courses à bicyclette,
quand nous fleurissions nos guidons
de chèvrefeuille... et tout, nos fêtes,
nos chansons, nos larmes, nos cris,
notre nature, nos jours gris
et nos belles journées parfaites,
elle me les rend palpitants
avec l'air qui les enveloppe...
Penses-tu qu'il en tienne autant
au fond de ton stéréoscope ?
Tu ne trouves donc pas que c'est triste à mourir
ce blanc, ce noir, ces traits précis et décevants,
cercueils exacts où le passé fut pris vivant,
mais tenu si serré qu'on ne l'en peut sortir !...
Tu montreras à nos mais ces sarcophages
où des moments de nous sont ainsi prisonniers.
Ils s'émerveilleront : « C'était grand, votre plage
C'était beau, ce pays ! Quels arbres vous aviez !
Vraiment vous viviez seuls dans ce petit village ?... »
Puis ils riront d'un geste un peu gauche que j'eus...
Amuse-toi. Fait leur vivre notre voyage.
Mais moi, ces chers endroits, ces murs qui m'ont tant plu,
ces cadres où tu mis tes différents visages,
ne m e les montre pas : je ne les verrai plus.
J'ai des images merveilleuses dans ma tête,
et tous ces documents ne m'en laisseraient rien...
Le souvenir est un poète.
N'en fais pas un historien.


Ancienmembre
Membre
Messages : 391


Posté à 10h10 le 15 May 21

merci



Ce message a été édité - le 19-05-2021 à 09:27 par Violette

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