Sa Majesté l'Eté
Nous mande, nous convie
En son palais planté
D'herbe folle assoupie.
* * * * *
Dès les prémices du matin,
Le ciel s'est vêtu de lumière,
Et de la colline au jardin
Monte déjà la face altière
Du fier soleil. Lors on ne voit
Pas un nuage, nulle brise,
Car on couronne un jeune roi,
Et sa gloire seule est de mise.
C'est à l'heure où semble arrêté
Le jour vertical, immobile,
Que triomphe Sa Majesté :
Dans la poussière gît, tranquille,
La grande chaleur des chemins
Où halète un profond silence
Qui vibre dans l'air des lointains
Et qui n'est plus que soif immense.
Voyez de quels feux sont drapés
Les soirs dont la langueur s'étire,
Tandis qu'aux ruisseaux harassés
Un peu d'eau est là, qui soupire,
Ultime haleine de fraîcheur
Où l'ombre s'allonge et stridule,
Car voici l'heure lente où meurt
L'horizon sous le crépuscule.
Ne sentez-vous point la touffeur
Qui monte des flots de la terre
Et qui gronde, en un sombre choeur
Où se prépare le tonnerre ?
Les éclairs déchirent le temps
Et la foudre frappe l'espace,
Alors l'averse aux traits puissants
Hache enfin l'orage fugace.
Voici déjà les ors plus doux
Que le zéphyr sous la ramée
Sème de ses doigts fins et roux,
Et voici qu'à la fleur fanée
S'attarde un peu Sa Majesté
Qui, près de s'éteindre, médite :
Fût-on le Roi, fût-on l'Eté,
Tout finit, passe et périclite ...
* * * * *
L'herbe folle assoupie
Aux plaines de l'été
N'est qu'une ombre éblouie
Devant Sa Majesté ...
Après "Messire Hiver" aux tonalités quelque peu médiévales,
puis "Damoiseau Printemps, vêtu des couleurs riantes de la Renaissance,
voici "Sa Majesté l'Eté", dont le cours suit les pas d'un Roi qu'on a nommé Soleil ...
Plaisir suave, que celui de publier un tel poème le 14 juillet :) ;)