Même le Yéti a déguerpi
Sur ses rollers en magnésium
En voyant cette colonie
De fourmis trop harnachées,
Empêtrées dans leur cordée.
Pourquoi ce capharnaüm,
Ces aventuriers fienteux
Cherchent-Ils le satori
Sous leur barnum en PVC,
Que feront-ils ces mystiques
Des foires héroïques
Quand, en avalanches parfumées,
Leurs excréments enfumés
Iront fracasser les monastères
Des sapientiaux tantriques
Au sourire ineffable?
Gageons que quelques preux
Disciples d’Hermès( oh! divin journaliste!)
Filmeront le spectacle
Diffusé en boucle sur nos gobe-tout sociaux,
Qu’une équipe d’éboueurs alpestres
Se dévouera corps et âme
Pour entasser les fèces importunes
Dans des tombereaux au siphon chimique.
Et, apothéotique bienveillance,
Qu’une collecte organisée
Sous la larme pathétique des médias philanthropiques
Adoubés par ces milliardaires toujours prompts
A débourser nos dettes empruntées
Généreusement aux empathiques banquiers,
Permettra de reconstruire les lamaseries
Avec le concours zélé et vigilant d’entreprises américaines
Et d’actionnaires nippons.
Mais qu’allaient-ils faire sur ses sommets,
N ‘avons pas suffisamment d'embouteillages
A visiter?
De Paris au Caïre jusqu’à Bangkok
Que de réjouissantes bouchonneries,
De parcs festonnés d'immondices,
D’odeurs de macchabées oubliés
Et de marathoniens en extase!
Allons, laissons l’Himalaya à ses lamas
Et soyons inventifs,
Je suis convaincu qu’avec l’aide
De nos contemporains créatifs
Nous arriverons à ériger
Une montagne d'étrons congelés
Aussi haute que l’Everest!
Alpinistes de tout pays, unissez-vous!
Les centaines d’alpinistes qui tentent l’ascension de la plus haute montagne du monde laissent derrière eux des quantités astronomiques de déchets. Parmi eux, plus de 12 000 kilos d’excréments s’accumuleraient chaque année dans les fosses qui entourent les quatre campements principaux répartis sur le circuit d’ascension. Même si la majorité de ces déchets finissent par être redescendus, les associations de protection de la nature commencent à s’alarmer.