Extrait
RIVALITE
Tout étourdie dans de moelleux et gris coussins,
paresseuse au milieu des tièdes fumerolles,
sur les divans profonds de mon cerveau malsain,
se vautre ma pensée. O muse de paroles !
A travers les salons de porphyre et de verre,
étendue, pâle, ainsi qu'une catin gloussant,
elle aspire mon âme en des rives légères,
et abîme mon œil dans ses ailes de sang.
Quand ivre et indolente, après avoir rêvé,
elle éteint sa chandelle et se cache en ses draps,
un ange parfumé qu'un phénix a bravé,
tombe, malade et fou, en larmes dans ses bras.
Dans ma gorge flétrie, dans l'azur consumé,
il s'évade vaincu et ne sait où il fuit.
Le soir couche son ombre en mon front d'accalmée
mais j'entends ses pas sourds dans ma tempe, la nuit.