Ramble en automne
par Lasource
Ramble en automne
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J’espère un dernier jour dans le brouillard d’automne
revoir brouter des vaches par les frais matins
sous les poiriers ou sous les pommiers d’ors éteints
entendre encore au pré les clarines qui sonnent
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Deux-trois corbeaux lustrés qu’on dirait échappés
en croassant d’un vieux flacon d’encre de Chine
agripperaient là-haut la branche la plus fine
affichant le profil crâneur des rescapés
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Il y aurait aussi la vague silhouette
du vieux père Morel une fourche à la main
comme près du fumier je l’observais gamin
en train de décharger sur le tas sa brouette
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Les hommes vers midi tout le jus écoulé
jusqu’à finir en goutte à goutte de clepsydre
démoulent les tourteaux hors du pressoir à cidre
Bientôt pour le repas on va les appeler
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Penchés autour de la pesante table en chêne
Le picrate versé, chacun rompra son pain
pour saucer à la fin le civet de lapin
qu’ils voient fumer dans le grand plat de porcelaine
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Au soir on entendra que piaffent les chevaux
tandis que l’on remplit leurs mangeoires d’avoine
à l’heure où le couchant aux rougeurs de pivoine
achève son périple et par monts et par vaux
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Le forgeron fourbu laisse là son enclume
Dans la soue a couiné un porcelet grognon
Moi vers l’horizon noir qui sent le champignon
en claudiquant je vais me fondre dans la brume
Poème posté le 14/11/18
par Lasource