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Poésie libre / Le cimetière des amours oubliés

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Le cimetière des amours oubliés
par Djokaire


Dans le Cimetière des Amours Oubliés, je m’égare quelquefois ; Afin d’y planter, non pas des fleurs car, tu le sais, je le suis déjà D’en avoir paumé les graves arpèges que me flanquait ta voix, Mais bien ces calots trempés sur cette tombe dont on se moqua. Et de mes joints, grimpent jusqu’aux nuages, les grises nuées Chargée des acerbes réminiscences qui, encore, t’appartiennent Pour s’y emmêler tel que c’est le ciel qu’elles voudraient baiser Comme s’emmêlait, tu te souviens, ma crinière avec la tienne ! Moi, pour qui le miel demeure amer, pour qui le repos est la peine, Mais qui tâche, tout de même, de caser le caveau avec la fontaine, Je me plais à revenir dans ce champ des claqués, à l’ombre des vents, Celui se calant les joues sur les miennes et celui que tu m’as refilé, Lorsque vient le temps de me rafraichir si notre amour ne sait s’arrêter Ce n’est que dans sa camarde, n’en déplaise aux innocences d’enfant, Lorsque qu’il me faut gémir un peu, m’offrir encore quelques maux… Putain, n’empêche, se dire « je t’aime », qu’est-ce que ce fut beau ; Jamais splendide, non pas vénuste mais simplement joli dans la manière Car le lustre d’un serment se refait dans sa simplicité la plus sincère… ! Tu m’avais piaulé : « si la passion doit s’enfuir, c’est pour mieux revenir » Mais poudreuse de remords est le passé et futurs s’augurent les soupirs, Car mon palpitant, pauvre parjure, se montre éreinté de flinguer le temps ; Car il ne possède plus cette ignorance que, gamin, était mon argent. La foule dégoise que s’aimer, c’est, en tout et pour tout, que l’on se lie Mais, moi, je songe plutôt qu’aimer, c’est bien de perdre dont il s’agit, Et pour cause : l’on s’oublie bien plus de lunes que l’union reste perclus C’est sûrement pour cela que mon espérance, de t’attendre, n’y tient plus… À y penser, il était évident que sur cette mausolée seraient inscrits nos noms, Puisque que pour désirer d’infini, il faut avoir subi la fatale consomption ; Tu sais, je me dis parfois, dans ce triste et vaste boulevard des allongés Que l’on a qu’une passion que l’on se coltine au creux de notre vie : Toutes celles les devançant sont des tendresses de rodage insoupçonnée Et les suivantes versent à la compenser lorsque, de l’avoir viciée, on en a fini. Que me caillassent jusqu’au sang, ceux qui, comme moi, apprennent à l’envers Que les cœurs ne sont immortels qu’une fois résidant six pieds sous terre ! Maintenant que nous ne nous aimons plus, nous pouvons nous aimer d’accalmie Puisque tu manques à mon être, puisque c’est dans ma tête que dès lors tu crèches Mais ce qu’il me manque plus que toi, c’est la peine de nos sourires apprentis De l’époque où il était jouasse de s’envoyer un café ou juste l’herbe de mèche. Tu vois, sous le joug de mes déplorables libertés, je songe à ce que sera Warszawa, Avouant que je voudrais tant t’esgourder enfin me glisser : « ce que je suis fière de toi » Alors que tu t’en barioles les carpelles avec le fusain de l’indolence que je sois encore là Mais ces desseins, s’ils ont la bonne grâce de se montrer confus, sont captifs de tes lois ; Celles énonçant que les sérénités n’ont jamais rien à redire du vaillant larmoyeur, Comme s’il en était un divin châtiment antique pour avoir rencontré l’arnacoeur. Je dois l’avouer : il m’arrive de me gausser, furtif, au visage de ce parc à refroidis Puisque je l’invente souvent comme un jardin de jasmin où viennent jouer les amis Et les amoureux débutants se confier que s’ils s’offrent chacun, c’est pour toujours Afin que le blasé à l’implacable vigueur crache comme divague sur leur amour ; Jalmince à s’en faire péter les veines de n’être désormais seigneur de personne, Pas même du temps qui passe car lui aussi l’abandonne. Souverain à genoux, les armes déposées aux arpions de la misère, Car, vois-tu, je n’ai plus aucun doute sur qui aura gagné la guerre ; Faut-il donc désormais que je me plie à ce qui te revient de droit ? Car, vois-tu, je n’ai plus aucun doute que tu auras eu raison de moi. Et dans le Cimetière des Amours Oubliés, n’y a-t-il pas réconfort ? Non pas ! Les fleurs se roborent de mes pleurs et de mes remords À mon navire qui tangue toujours sur les vagues de mes larmes, Je lui confie, entre sanglots, qu’il me fait d’autant plus de charme, Au détour de ces vastes contrées où clairsemée se fait la lumière, Que me vient la singulière pensée de creuser de mes mains la terre, Pour m’y enterrer peut-être à jamais, au fond des abysses céruléens Puisque le vent se tait et qu’il faut se reposer au cimetière sous-marin. Alors, j’évide la glèbe en attendant l’année dernière, car de notre union Ne restent, désormais, plus que, sur la tombe, inscrits nos deux prénoms Et, sans aucune équivoque, ces misérables et fins extraits de notre histoire Qui se perdent, ravalés par les saisons, dans le vertige de nos mémoires. Je me salope les mains, dans le sens figuré comme dans le sens premier, Puisque c’est la terre retournée qui aura raison de mon corps endeuillé, Puisque c’est à l’envers de la poussière que mon cœur reste partant, Puisque, comme la passion, c’est clamsé que je pourrais vivre entièrement. Et s’écroulent les belliqueuses pluies pour parfaire les poncifs amoureux Attendu que les clapotis sont les ressacs contre mes épaules de roche ; Jusqu’à temps que les étoiles rutilent puis que l’aube les décrochent, Chutera sur mon échine, tout ce que l’on se fait de mal pour se sentir mieux. Le ciel fait preuve de ses portugaises ensablées quand je creuse la cendre, Ah ! Si, un jour… un jour, si un jour je pouvais y grimper pour me pendre, Afin que tout le peuple sache d’où vient ma peine et mes hurlements, Sûr que je ne serais pas séduit par le chant d’insectes malentendants. Et puis, pour se montrer honnête, dis-moi avant que ne s’achève ce poème Y’a-t-il eu plus ravissants instants que ceux où l’on s’est dit « je t’aime » ? Non, tu vois, délicieux tenaillement, puisque c’est à quoi tu en es réduit, Je n’ai pas connu plus grandiose luxe que d’affronter ensemble la nuit ; Et que me crachent au visage ceux qui, prétendument bien plus finauds, Ont déniché, dans cette morne galaxie, un je-ne-sais-quoi de plus beau ! Puisque c’est marre de songer au-delà des processions de l’univers, Puisque nous savons tous que l’enfer, c’est vivre sur cette Terre, Que puis-je bien espérer de ces catacombes aux amours éperdus Si ce n’est ce sentiment certain, quand braille le tocsin, d’avoir trop bu ? Et si je crève, telles mes fleurs de te savoir barrée, où sera ma douleur ? Plus que toi, j’en perdrais aussi ce qui me reste, malgré tout, de l’être : Juste quelques os de plus parmi quelques bouts de bois causant d’ailleurs, Dénué des moindres deuils puisque c’est sans tombe que je vais disparaitre. Dis-moi donc qui sont ces damnés n’ayant jamais aperçu leur renommée Gravée ineffable à la faveur de la pierre sur l’épitaphe des Amours Oubliés ! Dis-moi donc qui sont ces bougres diaprant dans leur amour, les apparats De ce parfum d’éternité presque évident qui embaument leurs pas. Dis-moi qui sont ces fous dont l’idée de s’échiner à tenir l’autre pour soi N’a jamais connu les constantes écumes qui ramènent aussi le désarroi ? Dis-moi qui sont ces espoirs qui, dans une désespérée escarmouche, Me ravalent la furieuse envie de priver de chance mon cœur farouche.



Poème posté le 23/01/20 par Djokaire


 Poète
Djokaire



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