Derrière le rideau
par Wawa
Il est jeune, il est beau, il est en plein succès,
Tous ses mots sont choisis, claquant avec excès ;
Sa pensée est agile et son esprit brillant,
Ses réparties font mal, le monde en est friand.
Ses verbes sont rageurs et souvent ils font mouche,
Son regard malicieux interpelle et vous touche ;
Il se montre à son aise en toute circonstance
Et ne trahit jamais son auguste prestance.
Sur le fauteuil ancien de la chambre à coucher,
Sagement il attend, la tête un peu penchée ;
Il regarde le ciel d'une étrange façon,
De sa bouche fermée ne sort plus aucun son.
Peut-être revoit-il ces instants merveilleux
Lorsque par la fenêtre il regarde les cieux ?
Ou se rappelle-t-il, accrochés à ses manches,
Ses enfants ressemblant à ceux venus dimanche ?
Il paraît si fragile en ses rêves perdus
Très loin de son aplomb sous son air entendu !
Mais sur son vieux visage apparaît un sourire,
Un bon mot sûrement qu'il répète à loisir...
L'artiste continue derrière le rideau
Et prépare déjà son prochain numéro !
La scène le réclame et la foule se presse,
Qu'y aura-t-il demain à la revue de presse ?
(juin 2020)
Bien sûr, j'ai écrit ce texte en pensant à Guy BEDOS, mais plus largement à toutes ces personnes, brillantes intellectuellement et réduites à un état quasi végétatif par cette fichue maladie d'Alzheimer…
Poème posté le 15/06/20
par Wawa