L'itinérant
par Domagoj sirotinja
J'ai joué au poker tout au long de ma vie,
oubliant les bleus d'un parcours étourdi,
j'ai joué et chanté le cœur bat la chamade,
les vers désenchantés, les éclats, la balade.
Amoureux de la nuit, des feux de l'aventure,
de l'or, de l'espièglerie, des vents, de la nature,
j'éclairai ma lanterne au pochoir, de fins mots,
évoquant, à tue-tête, le choix de sauver ma peau.
J'ai joué tant d'ennui, tant d'amour et de peine,
cent remords, cent remous, cent retours, cent Verlaine
à la force du poignet, à bout de souffle, et sans eau,
le vice et la vertu, imprimé le tempo.
O mon âme tu vibre à travers les voyages,
tu t'exposes à en crever, comme un arbre sans âge,
le monde manu manouche, la guitare assassine,
comment ne pas t'aimer, mélancolie maline ?
Elle est partie et revenue, comme une flamme,
s'offrant au premier venu, à mon grand dam…
O fleur de peur et d'amertume,
en voulant te tuer, j'ai voulu tuer ma plume.
Mais voilà, la foi et la renaissance ont tracé la route,
le chemin vers un passage étroit, et la voix de la sagesse,
la valise débordante de souvenirs, de jurons,
nous irons incrire nos noms sur tous les fronts !
J'avance et je précise que mon cœur n'a qu'un cri,
qu'un tabou, qu'un défi, l'appel à la révolte
quand jeunesse se cache et fuit, quand l'âge allonge, crépite
et me transporte jusqu'aux pas d'un touriste
qui me rappelle la lune de mon enfance.
Et si la lutte doit être belle et l'art mûr infidèle,
plût à Socrate qu'il exista, dés l'origine, des solistes,
des saltimbanques, des équilibristes à la dent dure
aux vertèbres solides, au sens épicurien.
Tant de proverbes, de soufflures, d'insolubles désirs,
tant d'hymnes, de coupures et de mires,
que le temps m'est compté et ma muse apprivoise
le solde de tant de temps, et l'énigme Syracuse.
Poème posté le 27/10/18
par Domagoj sirotinja