Je m’en fus l’autre jour au jardin de Nanny
Resplendissant toujours aux abords de l’automne
Dans un décor de rêve où chaque plante étonne,
Où l’on se fait oiseau dans le confort d’un nid.
On décline à l’envi le latin d’autrefois
En fredonnant partout “rosae, rosae, rosa”,
Parlant d’heliantus ou de gloriosa
En amateurs ravis d’authentifier leurs choix.
Lors, un pot de cactus attira nos regards:
Quatre fleurs en bouton en haut de quatre tiges
Attendaient le jour J (on dit “patience oblige” )
Pour déployer coroll's et offrir leur nectar.
Elles semblaient attendre au moins jusques au soir
Ou même le mystère d’une nuit sans lune
Pour montrer leurs atours à une heure opportune
Quand le désir est fort et qu’on n’y peut sursoir.
En tout cas ce ne fut que le matin suivant
Qu’au lever du soleil apparurent leurs charmes:
Guerrières épuisées qui déposent les armes
S’offrant à cœur ouvert à quelques soupirants.
Car pour les attirer un suave parfum
S’hexalait de leur nid de blanches étamines,
Là où l’aventurier sur son chemin butine
Profitant du moment sans attendre à demain.
L’insecte a bien raison d’agir avec ardeur
Car le moment béni n’est qu’une courte aubaine,
Qui permit d’observer la mutation soudaine
D’un suave parfum qui devient puanteur.
Comme certains cactus l’amour a du piquant
Mais il peut se montrer parfois bien éphémère;
Pour avoir de la vie une vue moins amère
Mieux vaut considérer le rosier remontant!