La bolée
par Rebo
Quand l’évasion est dans ma tête,
Que frénétique, je m'apprête,
Pour l’ailleurs à prendre mon vol,
A l’heure où, excité, j’entasse
Des affaires dans ma besace,
Je n’oublie pas de prendre un bol.
Un bol léger comme une plume,
Précieux à celui qui transhume,
Tenté par le diable vauvert,
Pas un bol de flocons d’avoine,
Plutôt le récipient idoine
Pour prendre sa mesure d’air.
Car ce qui m’attire et me guide
Dans mes échappées, c’est ce fluide,
Bienfaiteur aliment du sang,
Je le consomme avec largesse,
Le déguste jusqu’à l’ivresse,
Elixir régénérescent.
Face à la mer, avec méthode,
Je fais cure de sel et d’iode
Et des senteurs de goémons;
Des Miasmes vains, je me décharge
Et respire le vent du large
Pour m’en nettoyer les poumons.
Quant à la montagne, sans gêne,
J’y fais provision d’oxygène
Et, à sa force, me soumets
Afin de booster mes globules
Avec les pures molécules
Qui enveloppent les sommets.
La forêt où souvent m’entraîne
Mon pas est aussi un domaine
Pour le bien-être des sinus;
La chlorophylle y avoisine
De bons effluves de résine,
De champignon fauve et d’humus.
L’odeur de terre après la pluie,
D’herbe coupée me désennuie
Plus sûrement qu’une oeuvre d’art,
Et quelle sensation exquise
D’être frôlé par une brise
Qui se signale avec égard.
Mais l’onde la plus enivrante
Est la compagnie avenante
D’une fille en fleur, je le dis;
Ce que dégage la voilure
De sa mouvante chevelure
Est le souffle du paradis.
Poème posté le 08/02/20
par Rebo