Nèfle à quatre feuilles
par Deshaiessaintes
Mouton noir à cinq pattes, trainant sa voix cassée,
Petit canard boiteux, aux rognures élimées,
Comment alors marcher ? Comment me conformer ?
Au pas pressé des oies aux bons soins cadencés ?
Mes pattes folles et tordues, les voulaient redresser,
Des miniatures de Thor aux bêtes musculatures :
Torture des rangs d’oignons, ses harangues préfigurent,
Une vie plus tortueuse qu’une voirie cabossée.
Les poèmes paraissaient des missives adressées,
Pierres de Rosette, balises, qu’a, Poucet, déposées,
Je balisais, qu’en douce, qui me les sut priser,
Use d’horions méprisants, de gnons et de rossées.
Ces maîtres impressionnants, m’en cinglait la métrique,
Me désignant tricard, sévèrement tancé,
Je n’osais me lancer, lassé des coups de triques :
On me disait minet, que j’en sois caressé.
Or donc, je pris la pose, en costume rapiécé,
Dans les estaminets, les lieux de perdition ;
Les beuglantes de Bruant, comme en surimpression :
J’examinais les brutes, et mes vers dégueulaient.
J’entendais dépasser, les vieilles formes réglées,
Les odes compassées aux Mystères de Mère Nature,
Lauriers sur les fronts blets, l’inspiration mature :
Comme aux chrétiens l’encens, voir mes sens déréglés.
Beau Brummell(1) embrumé à la verve immature,
Je troquais mes quatrains contre un verre au troquet,
Et pour servir la cause et payer en nature,
J’ébouriffais mes plumes de servile perroquet.
La passion sulpicienne pour une écriture sainte,
Pèse sur l’épaule poids plume du gandin freluquet,
Pour la stupéfaction, la vodka vaut l’absinthe,
Ma vocation s’éteint dans un sinistre hoquet.
A quai, les pieds en sang, sans gloire et sans argent,
L’art pauvre, et dans l’impasse, je déchus à bosser,
Résigné aux guerres lasses, sur lesquelles misent les gens,
Je pus m’en balancer, de voir les trains passer.
Inspiré d'une histoire vraie, lit-on parfois en exergue des films, ce qui veut dire, en d'autres termes, très, très romancé.
(1) dandy anglais
Poème posté le 17/11/23
par Deshaiessaintes