Femmes en fin de vie
par Flamme
Dès l'aube réveillés, pour ne rien oublier…
L’heure de les laver, et de les habiller.
Condamner au chagrin, à le faire revivre
Dans des journées sans fin dont le destin s’enivre,
Des années de labeur ont mortifié leurs membres
On se traîne courbé, où donc est notre chambre ?
Leur regard est si flou, leur parole un refrain
Toujours les mêmes mots, pour un passé lointain.
Pourquoi se raconter, on a plus de désirs
Qui peut s'intéresser à tous leurs souvenirs.
Ce sont des étrangers aux larmes défendues
Aux dialogues muets aux heures suspendues.
Leur sourire est figé, leurs lèvres ne s'ouvrent guère
La solitude est leur compagne de misère
Elles ont la mort dans l'âme quand vous les abordez
Le temps ne peut comprendre, il devient fatigué
C'est dans le sommeil qu'elles continuent à vivre
Ne pas les réveiller, c'est les laisser poursuivre
Un rêve inachevé aux fils d'une dentelle
Racontant un passé où elle se trouvait belle !
Il est souvent bien dur d'abandonner les siens
L'espoir des premiers jours, en arrachant ces liens
Ne dure qu'un instant, le désespoir accable
Un écho de l'hier soudain insupportable :
"Il est temps désormais de quitter ta maison
Écoute ce conseil, tu n'as plus ta raison
C’est la solution, il faut que tu comprennes
Nous passerons te voir, d'ici quelques semaines..."
Des cris d'âmes perdues sortent du couloir
Comment peut-on avoir encore un peu d'espoir
Tous les mots répétés, resterons sans réponses
Quand on vient vous parler, c’est à coups de semonces
Cette attente devient un terrible abandon
La maladie arrive, enfin un horizon
Sortir de cet endroit, de toutes ces souffrances
Aller chercher ailleurs, d’éternelles vacances !
Malgré quelques efforts pour égayer les journées dans les maisons de retraites appelées : Maisons pour personnes âgées...la vie s'éteint bien trop doucement dans ces maisons de fin de vie.<br />
Peu d'hommes s'y trouvent ...encore un privilège !
Poème posté le 17/04/12