Mille collines, avril 94
par Vespertilion
J’attendais mon enfant comme venait le printemps
Et l’aurore pépiait sa faim d’ avril grésil
Et sonnait le vent bleu sur clochettes graciles
Des scilles et dans le ventre de mon île
Creusait mon enfant l’océan
En mon rivage battu de pleine mer
Résonance d’une onde immonde
Soubresauts et fissures dans ma terre ronde
Des digues rompent, vomissure et sang m’inondent
Radio réplique un tremblement de guerre
Mille machettes colèrent de chair rouge les collines
Haine, tremens de l’hallali, acharnement charnel
Tuer à veines ivres, tailler à fièvre vive , coupe-ailes
Le ventre ému de mon église remue refuge à fidèles
Poche des eaux en larmes, plasma, lèvres en prière qu’on assassine
J’attendais mon enfant et est venu un jour de sang
Un flot hémorragie , une bile en fontaine
Et sur tous les trottoirs comme fiel, comme peine
Dégobiller ces flots de terreur et de haine
Jusque dans les poubelles de la maternité du temps
Mon enfant océan, soleil, mon printemps
Te mettre au monde dur, en ployer à genoux
Trembler comme feuille, rage a raison de nous
Que sait-elle de l’amour qui brisera le courroux…
Des miettes d’ âmes en larmes dans la veine bleue du vent ?
Ce 9 avril 94, j'ai franchi le second versant de ma vie... J'ai perdu mes illusions. Je me suis posée des questions sur cette folie de mettre un enfant au monde. "Tu enfanteras dans la douleur" n'est hélas pas une phrase vaine...<br />
Finalement, ma grossesse s'est bien poursuivie et mon aîné est né à la mi-octobre.<br />
Poème posté le 05/04/09