Je veux chanter pour vous cette vague sauvage
Qui court sur l'océan immense, illimité
Et qui va se briser au roc déchiqueté
Ou mourir tendrement au sable de la plage.
Elle vient de très loin ou d'un proche rivage
Joue avec le dauphin, jette sur le récif
Le navire superbe et le léger esquif
Sans pitié, sans remords, sans colère et sans rage.
Elle berce les oeufs du poisson, la sargasse,
Le cachalot la fend de son large poitrail
Son flot bleu fait blanchir le récif de corail
Elle fait s'effondrer les falaises de glace.
Devant nous elle meurt, infime et éternelle,
Telle qu'aux jours anciens du plus lointain passé,
Dans le premier lagon à s'être condensé
Naquit et s'effondra la vague originelle.
Et telle que mourra l'ultime turbulence
Du tout dernier ressac du dernier Océan
Quand la boule de feu du Soleil explosant
Un jour l'engloutira dans son incandescence.