Après - midi de pierres
chauffées au soleil
un baiser sur ta bouche vermeille
ton corps bouillant au goût de lave
petit pain bruni sortant du four.
Bruissement d’ailes dans la campagne
froissement de ta chemisette
fine comme papier de cigarette.
Je plonge dans ta chevelure
saline d’eau de mer.
Sur le feu de ton corps,
tous les parfums de mai
réunis en un flacon
se mêlent aux respirations
et à l’ivresse du verger.
Herbe folle se collant à ton dos :
je ris en en retirant trois brins.
Odeur de ta peau, de mes sueurs
de mes désirs taraudeurs
je résiste, tu ne te défends guère
armistice de nos sens qui préparent
les combats à venir.
Baumes, dolentes senteurs
moiteur des chaudes fumées
vous retardez l’étreinte
de nos actes latents.
Mais toi, tu le sais imminent
le temps de l’assaillant
et de sa tendre victime.
Qui chante sur le figuier ?
Qui m’invite à ces conciliabules ?
Tous nos sens mêlés
au mai de canicule :
effluves de lavande
de menthe et de genévrier
je meurs de leur essence
je plonge dans la fièvre
de ma si longue attente.
J’écoute, je hume
je m’enivre
tu te gorges de mots
des braises d’agapanthe.
Sur la glaise brûlante
je bois ton doux babil
au fil de nos embrouilles
je te bredouille mes envies.
Soudain, grand silence.
Si l’entêtant printemps
te coupe la parole
c’est pour te jeter
sans vergogne
dans mes bras impatients.
A travers tes yeux ouverts
je vois la terre
la rivière et les arbres
qui tournent
vibrants manèges
sur des chevaux de nuages
et des cricris d’azur
inlassablement
à l’horizon de nos vies.
Quand la chaleur ambiante décuple les sens et exulte la sensualité des corps.