La lettre de Violette
par Johanne HB
Mon Cher Adrien,
Dans le jardin de tes vieux jours
Ton coeur, soudain, se remémore
Cette jeunesse qu’il déplore,
N’ayant pu la garder toujours !
Tels sortis d’un ancien grimoire,
Des souvenirs presque oubliés
Viennent, à tes regrets alliés,
Danser au fond de ta mémoire…
Tu te souviens des temps heureux
Où fringant, les moustaches fières,
Tu séduisais tes cavalières
En tombant parfois amoureux !
Comme au soir où tu vis Mathilde,
Dans sa robe couleur lilas…
Tu ne fis point de tralalas
Pour quitter les bras de Clotilde !
Mathilde… Ô le sublime amour !
Dont les yeux noyés de tendresse
Savaient guérir chaque détresse ;
En plus, elle avait de l’humour !
Eternelle pince-sans-rire,
Aussi bonne que du bon pain
C’était « LA FEMME », le copain,
La soeur, l’amante et l’hétaïre.
Elle t’offrit de beaux enfants
Ayant grandi, puisant leur force
Dans votre amour dont nul divorce
Ne troubla le choeur triomphant !
D’abord Raoul, Bruno, Camille
Suivis d’Hortense et Philémon
Talonnés par le doux Simon.
Qu’elle était belle ta famille !
Tu ne vas pas le démentir :
Vile est la route du grand âge !
C’est plus un tort qu’un avantage
Puisque tous on les voit partir…
L’être aimé puis, l’un après l’autre,
Les enfants… et, souventes fois,
Leur descendance aux beaux minois.
La mort dans le malheur se vautre !
Jamais tu n’as perdu l’espoir ;
Ton être est rempli d’espérance…
Il a su refuser l’errance
Sur les chemins voilés de noir.
Car dans ton cœur ta foi première
Sait te chanter, depuis toujours,
Que dans de célestes atours
L’âme retrouve la lumière !
Tu sais que tu les reverras
Et ce d’une façon certaine.
Alors tu bois à la fontaine
Des souvenirs, sans embarras.
A quoi peuvent servir les larmes
Si ce n’est qu’à brouiller tes yeux ?
Toi, tu choisis d’être joyeux
Laissant à d’autres les alarmes !
Lorsque je viens chaque matin
Pour procéder à ta toilette,
Tu m’appelles "ta Violette"
Et tu souris d’un air mutin.
Tu dis que je suis une fée,
Véritable petit soleil
Qui vient te tirer du sommeil,
Desserrant les bras de Morphée !
Pour toi j’ai fait ces quelques vers
Ecrits en rentrant de la plage
Pour te dire : qu’importe l’âge
Avec ses maux par trop divers…
Lorsque le coeur est un poème,
Le tien touche le mien vois-tu,
Je ne le sens pas courbatu.
Ici, je te le dis « je l’aime » !
Violette
P.S. Je reviens le trente et un août
Et compte trouver ton sourire
Pour de vive voix te le dire…
Alors, attends-moi bien surtout !
En ce jour extraordinaire,
Dégustant un gâteau divin
Arrosé de champagne fin,
Nous fêterons ton centenaire !
Poème posté le 01/11/13