Le poids d’un sonnet
par Verbo
L’encre sur du papier d’un texte griffonné
Pèse à peine un peu moins d’un demi-milligramme :
C’est ce qu’on estima de tout cet amalgame
Qu’on retrouva un jour du reste calciné
D’un écrit dont bientôt le sens fut deviné.
Tout pût être détruit, mais, intacte sa trame
Et comme en filigrane à l’abri de la flamme,
La pensée était là, dans le poids d’un sonnet.
L’âme qui s’est fondue en l’Unité suprême
Peut flamber de nouveau, nous disaient le poème
Et à son unisson une tête de mort,
Où l’on crut discerner, comme fait l’apocope,
Un ultime « soupir » de son pantocrator
Dans son regard éteint de vieux pithécanthrope.
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Ceci est très largement inspiré d’une nouvelle de Pierre Boulle parue en 1953 sous le même titre et tirée d’un recueil intitulé « Les contes de l’absurde », et dont je soumets ci-après à l’oeil exercé des amateurs d'énigmes et de curiosités le supposé poème extrait de ses cendres: <br />
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Le Pithécanthrope<br />
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Fluide aux éléments flous bouillonnant sous l’orage,<br />
la mer anéntit sans haine et sans amour<br />
cette goutte de pluie alanguie en l’air lourd<br />
qui tombe, en chuchotant sa chanson, du nuage.<br />
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Le gouffre, sans reflet de ce fatal naufrage,<br />
au destin de l’atome éternellement sourd,<br />
détruit l’être, et dissout le fragile contour<br />
en la simple Unité de sa splendeur sauvage.<br />
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Plus réel que de l’air la frêle passagère,<br />
tu laissas un débris de ton humanité :<br />
c’est ce crâne blanchi qui rit dans la poussière.<br />
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Mais ton âme, un soupir de la Divinité,<br />
comme la goutte d’eau dans sa chute éphémère,<br />
s’est dissoute, Univers, en ton immensité.
Poème posté le 06/01/18