Liane folle qui s'épanouit en gerbe assagie,
Je chante
La sérénité de l'instant présent,
La rumeur paisible du rocher qu'use la pluie,
L'écho du vieil aède, qui instruit par-delà les âges enfouis.
Je chante
La patience du vent, qui sans relâche livre son message,
Même au plus sourd, étourdi, que tire dans l'arène le char d'une vie emballée.
Je chante aussi
L'espoir d'un après, d'un ailleurs,
Pour celui qui n'a plus
D'ici et maintenant,
L'oubli des démissions, des mensonges, des souffrances infligées,
Le pardon des péchés, par chaque coeur allégé,
Pour soi, faute de savoir
Si un autre, dans l'au-delà, le fera.
Je chante
Joie et plaisir des sens,
La mélodie qui berce mes coups de cafard,
et l'énergie du blues qui me remet on the road.
Je chante
Les beautés naturelles,
L'oeil artiste qui les saisit
et peint à chaque seconde
Une nouvelle toile originale,
Je chante
L'odeur des embruns,
De l'herbe fraîche et du sous-bois,
et le spectre invisible des hormones
Qui fait ou non
Toi + moi,
Je chante
La douceur de ta peau,
La chaleur du sable sur la mienne,
Les mille et un pores de nos corps qui s'explorent,
Je chante enfin
Le goût du petit plat préféré,
Modeste présent qui sûrement sera
Avant la mort comme un dernier hommage.
Liane folle qui s'épanouit en gerbe assagie,
Je grave, désabusé ou naïf,
Ce graffiti pour qui viendra derrière,
Et je t'honore,
Sachant pourtant
Que tu m'oublieras vite,
Hôtesse d'un soir, digne prostituée,
Salutations distinguées,
VIE