Il était une fois... un jeune prince Ashoka
par Tanit
il n'a jamais oublié
Les récits de son grand'père
qui tant avait guerroyé
cet ancêtre magnifique
avait mis l'enfant en garde
contre une épée maléfique
„quand j'ai conquis le royaume
j'étais comme possédé
j'ai vu qu'elle m'aveuglait
et m'en suis débarrassé :
tu peux m'en croire, petit,
c'est une arme des enfers !“
bien que prévenu, l'enfant
rechercha l'épée maudite
et lorsque mourut son père*
il avait alors treize ans,
il élimina ses frères
et s'empara du pouvoir
l'empire Maurya s'étendait
sur l'Inde, le Pakistan
et aussi le Bangladesh
le jeune roi et l'épée
s'adonnèrent à la guerre
oubliant tout le passé
et les années s'écoulèrent
puis une rude bataille
l'opposa à Kalinga,
petit royaume voisin,
que son armée massacra :
pendant des jours et des jours
dit-on, le fleuve Daya
charria des flots de sang
Ashoka, en grand vainqueur
déambula longuement
sur le champ couvert de corps
ils étaient plus de cent mille :
hommes, femmes et enfants
gisant sans vie, à ses pieds ;
ses yeux prirent la mesure
de l'odieux crime accompli
et l'on vit couler ses larmes.
quand le remords l'étreignit
„plus jamais de violence !“ **
comprit-il en un éclair
„lutter contre la souffrance,
voilà ce que je dois faire“
et il détruisit l'épée
lors il créa des écoles
pour les garçons et les filles
ainsi que des hôpitaux
ouverts même aux indigents
le commerce des esclaves
fut aboli sur ses terres
où tous furent affranchis
et reconnus comme égaux
il prêcha la tolérance
le respect et la patience
même envers les animaux
et dès lors il adopta
les préceptes du bouddhisme
qui dit que tout ce qui vit
est intimement lié
et que la compassion est
„pierre angulaire de Vie“
les lois par lui édictées
furent gravées dans la pierre
et à trave rs tout l'empire
on les vit qui s'érigèrent ***
Ashoka a tout donné
il jeûne et vit simplement
aux amis il aime à dire :
„quand la mort viendra me prendre
je n'aurai à lui offrir
que la moitié d'une mangue“
* en - 276
** en - 260 env : "plus jamais de violence"
en 1945 : "plus jamais ça !"
*** „les édits d'Ashoka“ sont la première proclamation des droits de l'homme
texte gravé en sanscrit, ou grec, ou araméen
il en reste encore plusieurs en Inde...
Poème posté le 29/10/19
par Tanit