Aimons nous vivants
par Mamiedamour
Je suis un enfant, adulé par ses parents, l’enfance trop vite terminée, je suis adolescent,
les années passent…
J’ai 20 ans et n’accepte pas les reproches, rentrant souvent en conflit avec mes proches,
Je pense que le monde est beau, que la vie n’est pas si austère , apostrophé sans cesse par mon père, que je juge amère,
Les études, le travail, les bonnes manières, l’éducation,
Je suis jeune et n’éprouve le besoin de me poser des questions.
Utopiste, contemplatif, je reste sur mes positions, rebelle, je quitte la maison,
Liberté, liberté chérie, je suis libre, enfin responsable de ma vie.
Trouver un lit pour la nuit, pas de souci, je suis entouré d’amis,
De péripétie en péripétie, quête de nourriture, pas d’argent, plus de rebellions, qui suis -je maintenant ?
Par avidité, stupidité, et obstination , j’ai échoué, et surtout j’ai gâché un bon nombre d’année.
Mes parents avaient raison, comment exprimer mes regrets, demander pardon.
Je les aient abandonnés, sans jamais me soucier, pendant ces longues périodes acidulées,
Mes cheveux sont gris, mon visage marqué par beaucoup d'événements.
Je retourne chez mes parents.
Lui, le père rude que je n’ai pas entendu, elle, visage éploré, et qui a tant attendu,
Sont maintenant des personnes très âgées, je n’ose les regarder, occultant ainsi la vérité,
J’entame le dialogue, lui, réplique par un langage méconnu, effaré, je demande explication, je suis devant un inconnu,
Enfermé dans sa bulle, il vit dans son monde à présent, n’attendant plus rien de la vie, et t’as oublié, toi son enfant,
Qu’il a tant aimé, pleuré, souhaitant ton retour, ce jour est arrivé, mais pour lui, il ne fait plus la différence, la nuit, le jour …..
Regardant mon père, les larmes perlent sur mon visage, la maladie a généré bien des ravages.
Je saisis un miroir, m’installe près de lui, nos figures reflètent comme par magie,
Voulant ainsi créer une émotion, convaincu de la réaction, rien, rien, simplement une vive tension,
Suivi de mots sans distinction, cherchant la main de ma mère, le rassurant aussitôt, sa quiétude est distincte, il n’est plus en colère.
Plus d'émotions dans son regard, du vide, le néant, ma mère lui parle doucement,
Ses grands yeux s’illuminent, seulement envers elle, elle l’embrasse délicatement.
Il lui offre un large sourire, comme pour lui dire merci.
Un matin, il a quitté cette terre sans souffrance, sans revendication.
Je suis prostré, blessé, de ma négligence, du manquement par prétention, n’ayant pu obtenir son pardon.
Ma mère a décidé de renoncer à la vie ,n’acceptant pas la séparation, par abnégation rien que pour lui.
Sans m'accorder non plus son pardon, ils sont de nouveau réunis, en parfaite unisson.
Je suis seul à présent, pas d’enfant, plus de famille, la vraie ruine,
Placé en institution, ma mémoire s’évanouit.
Combien de larmes et de sourires , de mots qu'on n'a pas osés dire
Dieu que le silence est une arme qui fait souffrir!
Pas de mains pour me rassurer, pas de mots pour adoucir mes frayeurs,
MAMAN j’ai peur, PAPA je meurs, et suis définitivement SEUL.
« Aimons-nous vivants , n'attendons pas que la mort nous trouve du talent »
L.J
Poème posté le 15/02/08