Lupa-Anar...
par Candlemas
Nous n'irons plus au bois
Les lauriers sont coupés
Les filles que voilà
Iront les ramasser
Vous, les censeurs, les rois
Qui voulez les enlever
Dites moi donc pourquoi
Par quoi les remplacer
Leur bouquet, leur douceur
Nous sont un réconfort
Qui réchauffe de nos coeurs
Face au putain de sort
Vous, moralisateurs
Qui enlevez nos filles
Faut-il qu'un serviteur
N'ait même plus ses couilles
Mais prends garde à la louve
Car si le claque s'en va
Il se pourrait qu'on trouve
Ton sang tâchant tes draps
lI pleut bergère”, “Nous n’irons plus au bois”, “Au clair de la lune”, “La mère Michel”… qui n’a pas appris ces chansons aux paroles apparemment si mièvres, lorsqu’il était en crèche, en maternelle ou sur les genoux de grand-mère ? Mais savez-vous que la plupart de ces chansons ont un deuxième sens (voire un troisième si ce n’est plus), et que, à une certaine époque, les colporter était une façon de braver les interdits de l’église ou les ordonnances royales ? Quand on connaît un peu le vocabulaire de l’époque, la double lecture devient vite évidente. Entre autres interprétations, le texte de la chanson “Nous n’irons plus au bois” daterait de l’époque de Saint Louis et évoquerait la fermeture prolongée des maisons de plaisir par ce bon souverain si préoccupé de justice. Ces bordels arboraient en dessus de leurs portes, une branche d’églantier que l’on retrouve dans le texte chanté. Quelle que soit l’interprétation choisie, la chanson témoigne toujours d’un refus de l’interdit et d’une volonté explicite de le transgresser. La transmission étant essentiellement orale, le texte pouvait s’adapter à un évènement donné : en fonction des circonstances, on créait une énième version d’un chant plus ancien. Cette pratique a été et continue à être courante : les évènements de Mai 68 ont donné un coup de pouce à cette pratique qui tend à être de plus en plus employée, à l’occasion des grèves ou des manifestations par exemple. <br />
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Merci à Paul, et à son excellent site, La feuille charbinoise, pour le complément historique, et hommage à Gainsbarre, pour l'esprit...<br />
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PS : je ne suis pas pour la levée de tous les interdits actuels, moraux ou légaux (drogue, adultère, IVG ou corruption...) mais cette référence historique juste pour rappeler que dans un pays de liberté c'est à chacun de se faire une opinion et de l'exprimer au besoin, quand ceux qui font la loi sont les premiers à la renier... et pour cela les mots ont un pouvoir que la miévrerie ambiante des nouveaux médias fait parfois oublier... <br />
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PS 2 : Miévrerie : "affectation accompagnée de puérilité dans la manière de parler, d'écrire ou de peindre".
Poème posté le 16/02/10