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Auteurs Messages

Salus
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Messages : 6952


Posté à 13h33 le 12 Feb 21




L'Anopée

(Les guerres médiques)




Comme le Goliath perse, en s'ébréchant les dents,
A peine débarqué par les plages antiques,
Sur une poignée âpre, inexpugnable dans
Ce passage obligé vers les terres attiques,

Reprenait son grand souffle, au pied de ses vaisseaux
Innombrables aux mâts entrechoquant leurs vergues ;
Là-bas, dans le chaos de rochers en ressauts
Refluaient les drapeaux d’Athènes, rouges serges !

- - -

Ayant congédié les contingents Hellènes,
La Laconie opta pour tuer ses héros ;
Le calcul était tel qu'à Troie, où tant de haines
Interdisaient, au feu, de présenter le dos !

- - -

Pour permettre aux soldats grecs de se rassembler,
Le roi Léonidas et ses trois cents spartiates,
Bouclant, des Thermopyles étroits, sans trembler,
Le seul détroit possible aux Perses asiates,

Vinrent suicider à l’innombrable ennemi
La fierté d'être un fauve - honneur Lacédémone -
Et sachant la victoire ainsi que le déni
Impossible pour eux, à Zeus, dont la voix tonne,

Remirent leurs destins au sceau du sang scellés,
Et combattant, furieux, jusqu’à leur dernier souffle,
Serviteurs de la Kèr, ils découpaient zélés,
Dans les rangs byzantins comme l'herbe le buffle !

- - -

...Tant de flèches pleuvaient, sonnant sur les cnémides ;
L'armée, ô Basileus ! rompait comme les flots
Sur le récif tranchant des tous derniers séides ;
Pas un qui ne lâchait ! - Tous acceptaient leurs lots.

Et les yeux injectés de haine sous le casque,
La mâchoire serrée en un dernier rictus,
Sous les bouts d'os carmin, maculés de chair flasque,
Calés, dos au rocher, dans un rythme d'ictus,

Ils fauchaient de l'épée une moisson de têtes,
Et, morts debout, des bras pourtant frappaient encor ;
Envahisseurs poussés tel un troupeau de bêtes,
Vers l'abattoir chanté des buccins et du cor,

Par cent mille soldats pressés et sanguinaires
S'encastrant au goulet d'où coulait, fleuve vif,
Dans une rouge humeur le flux des âmes fières,
Sinistre confluant du Styx impératif !

- - -

Chacun,sombre et farouche, invoquait le Lion
Quand dix mille immortels, fleur de l'armée adverse,
Se jetèrent sur eux - on eut dit un million ! -
Pendant qu'Ephialtes à la ruse perverse

Faisait prendre à revers la faction de soldats
Tenant toujours l'échec des folles multitudes
Qui se brisaient, hurlant, dans le piège du pas
Où survivaient encor les guerriers les plus rudes !

- - -

Et découpant d'estoc comme étripant de taille,
Léonidas pensait à l'oracle-devin ;
De Delphes l'haruspice avait en quelque entraille,
Prédit un sort funeste !
On but beaucoup de vin...

- - -

Puis le roi sut que tous, il leur faudrait mourir ;
Sparte serait détruite et la Grèce sauvée,
Et l'orde envahisseur ne pourrait qu'encourir
La colère des Dieux par l'horreur soulevée !

- - -

...Et Xerxès fulminait, depuis un promontoire,
Hors de portée, et loin du bronze et de l'airain,
Sentant chaque heure plus s'éloigner la victoire,
Dans le fracas des cris d'agonie et le train

Que menait cette guerre où la nation têtue,
Infime, résistait d'un courage dément,
Il éructait, bavant, enragé : - Qu'on les tue !
Sans l'ignoble traîtrise - un cauchemar qui ment -

Au sacrifice froid de ces fous patriotes,
L'armée eut, tout entier, rompu l'immense élan
Sur les tueurs liguant jusques aux Chypriotes,
Qui mouraient, tels des loups, pour que vive leur clan !

Contre le monstre perse aux géantes nuées ;
Contre des rois si grands qu'ils font punir la mer ;
Contre la Mort, Thébains, Thespiens, nations tuées
Ensemble, sous l'égide Hoplite au calme fier,

Sus l'Ogre ennemi, tous jetaient à la bagarre
L’extrême de leur force et l'entier de leur chair ;
Les Enfers dégorgeaient, depuis le noir Tartare
Jusqu'au monstre Cerbère, à son entrée en fer,

Au pays des soupirs, où l’Achéron vague erre,
Territoire fantôme et passage obligé
Des héros, vers les Champs Elyséens, derrière
L'Erèbe grise et morne, aux lacs de poix figés...

- - -

Thermopyles à l'eau bénéfique pour tous,
Quelque autre porte vers les antres du Ténare !
Pour la foule tombée en vos funestes trous,
Vers le monde d’Hadès et le repos barbare !

- - -

Plus tard, remords des Dieux, battue à Salamine,
Persépolis perdra sa flotte, avec l'espoir ;
Et ce grand coup du sort fera que se termine
De la conquête Hellade un épisode noir.


Jim
Membre
Messages : 3956


Posté à 18h12 le 12 Feb 21

Bravo, je ne peux qu'apprécier, tu t'en doutes. Particulièrement quand tu parviens à la hauteur épique.


Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 20h37 le 12 Feb 21


Tu les aimes quand la sauce relève et pique ?


Philippeb
Membre
Messages : 110


Posté à 22h30 le 12 Feb 21

Belle performance Salut


Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 20h08 le 13 Feb 21

Salut


Hoho
Membre
Messages : 396


Posté à 17h15 le 20 Feb 21

Le quatrième chant m'a particulièrement interpellé. Joliment tourné tout ça, une lecture satisfaisante où l'exaltation guerrière se fait pleinement ressentir ! Coucou

Une petite réserve (cela représente 1 mot sur un millier). Comme pour le don, l'arrivée du buffle sonne pour moi avec dissonance (peut être ai-je un problème avec cet animal ?)

Sur ce bonne soirée Salus.



Ce message a été édité - le 20-02-2021 à 17:21 par Hoho


Lau
Membre
Messages : 1931


Posté à 17h39 le 20 Feb 21



Quel marathon !


Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 21h25 le 20 Feb 21


Hoho :

Eh oui, c'est la même rime ! (quel honneur me fait ta mémoire) - moi j'aime bien, et dans les deux cas, le contexte me reste cohérent ; et puis, c'est une vraie fausse rime, c'est peut-être ça qui te plait pas ? ("souffle" rime avec "mistoufle")


Lau :

Juste après !

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