Ann
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Posté à 12h43 le 28 Apr 21
Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert
Lien internet
p 567
Aujourd'hui, cette phrase :
« Elle avait saisi dans sa poche, un dé d’argent perdu depuis trois jours, »
On lit certaines oeuvres bien trop jeunes. Le programme scolaire les impose sans bien les aborder. A relire avec nos expériences d'adulte. Désolée Mahea mais je dois puiser dans les classiques, c'était mon fil conducteur de pouvoir accéder aux livres en ligne et je me heurte aux droits d'auteur version française.
J'ai bien mes combines mais je ne puis en faire la pub ici.
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Mahea
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Posté à 12h55 le 28 Apr 21
Pani pwoblem Ann, Il en faut pour tous les goûts, et si nous aimons tous la même chose, aucune raison d'être aussi nombreux à écrire ou lire
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Ann
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Posté à 17h54 le 28 Apr 21
« Elle avait saisi dans sa poche, un dé d’argent perdu depuis trois jours, »
Elle ne comprenait pas comment ce petit objet avait pu glisser dans la poche de son tablier tout propre de ce mercredi matin. Elle en était certaine, il était au bout de son majeur ce dimanche. Elle avait ravaudé un drap usé jusqu’à la corde toute cette journée astreinte à sa mauvaise humeur. Au prix du coton, ce n’était pas un acte économique. Elle aurait mieux fait d’en tirer des chiffons plutôt que de tirer l’aiguille en se piquant les doigts qu’elle suçait pour arrêter les perles de sang. Il lui manqua bientôt autant de salive qu’à ses yeux, il manquait les larmes. La fureur avait asséché son corps. Le carillon égrenait l’heure du thé quand elle jeta furibonde ce fourbi de couture grossière qui tomba léger comme du plomb sur le parquet. Elle ramassa l’ensemble pour l’envoyer dans le panier d’osier. Le dé avait roulé sous la commode, elle tendit le bras pour le rattraper mais il s’échappa et disparut. Meeley abandonna découragée. Enjouée et intrépide, ce n’était pourtant dans son caractère. Elle avait seize ans et on avait réglé son avenir comme les aiguilles d’une pendule.
Et voilà que ce petit dé d’argent se retrouvait dans sa poche. C’était un signe. Tout était donc possible. Elle s’envolerait comme l’oiseau, libre comme l’air. Personne n’entraverait ses ambitions et ses rêves.
Des années plus tard, Elle avait traversé l’Atlantique seule dans sa carlingue qu’elle reçut cette confidence de la part de sa mère : ‘Tu te souviens du dé d’argent. Il m’a suffi d’un peu de persévérance pour le retrouver dans un trou du plancher. Aujourd’hui, je suis fière de ta ténacité. Tu voulais voler et tu es la meilleure femme pilote. Tu n’as rien à envier à monsieur Lindberg. »
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Mahea
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Posté à 20h58 le 28 Apr 21
« Elle avait saisi dans sa poche, un dé d’argent perdu depuis trois jours, »
De la ténacité frivole, elle en avait à revendre quand il s'agissait de suivre ce que son cœur lui dictait.
En ouvrant les portes de son imaginaire, elle s'offrait le luxe d'une évasion certaine ; se heurtant à des personnages, du plus accidenté, insolite au plus burlesque, qui se succédaient ainsi dans des paysages curieux, fantasmagoriques, irréels, singuliers.
Elle glissait parfois d'une situation rocambolesque vers une banale rencontre se mettant à l'épreuve dans divers scénarios.
Un dimanche matin, en cultivant sa coquette hebdomadaire, le libraire de Bayeux proposa à Emma une activité autre que la lecture afin d'étoffer ses connaissances en matière de survie. Faisant quelques pas ensemble à l'orée du parc près du village de Ry, où les oiseaux pépiaient gaiement, donnant un air angélique à cette matinée, elle se laissa convaincre.
Rien ne fut révélé sur l'activité en question par le libraire, ainsi il camoufla avec soin quelques livres et autres objets utiles dans la sacoche de son cheval apprêté pour cette expédition sous un soleil radieux.
Emma, enfin costumée pour l'occasion demanda si la solitude était nécessaire pour goûter à cette faveur ?
Il se mit à dérouler ainsi en chemin quelques indices afin d'aiguiser son appétit :
- D'abord on chemine en pleine campagne, jusqu'à tomber sur un cours qui gazouille.
-On observe ensuite l'onde en y ajoutant une note de tranquillité à ce décor.
-Et puis laissons au rêve le soin de fixer lui même ses dimensions.
-Poussait-il le bouchon un peu loin ?
Le vert délavé d'une clairière s'ouvrit sur un rivage bohème, et les chevaux stoppèrent leur nonchalante promenade sur une partie de pêche probable.
Mais le mot a ceci de délicat, il laisse vos sens s'égarer, et à une lettre prêt, le poisson
pourrait bien devenir une chose nuisible qui corrompt le corps et l'esprit. C'est un breuvage discret
pour éliminer les amantes trop gênantes ; c'est aussi l'instrument des plus belles tragédies.
Merci Ann
Ce message a été édité - le 29-04-2021 à 12:37 par Mahea
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Posté à 22h31 le 28 Apr 21
Ella avait perdu ce dé, ce maudit dé d'argent que lui avait offert la fée
un jour dans la forêt.
Ella se piquait sans arrêt le doigt,
sur cet ouvrage maintenant délaissé.
Elle préférait courir dans le jardin
il faisait beau et les oiseaux pépillaient à l'aube de ce nouveau printemps
Elle cueillait des fleurs ici et là
et confectionnait de jolis bouquets
afin d'embellir les pièces du chateau.
Cette enfant, gaie, grandissait un peu solitaire dans ce vaste domaine entre un précepteur sévère, un père souvent absent et une mère invisible, fragile, malade imaginaire et quittant rarement sa chambre.
De temps en temps, la cuisinière lui préparait des gouters pantagruéliques et elles riaient de bon cœur dans cette grande cuisine
en compagnie d'une jeune fille rentrée depuis peu au service de Madame.
Puis elle repartait dans ses rêveries, s'inventant des histoires
Allait courir dans le jardin,
ou bien se cachait dans la grande bibliothèque paternelle.
Se réfugiant dans la lecture d'un des livres convoité.
Elle s'envolait alors dans ces pays imaginaires, colorés et heureux où les fées parlent aux enfants sages
et leur offrent parfois mais seulement parfois … un dé d'argent !
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à Mahea et à Ann
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Mahea
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Posté à 12h14 le 29 Apr 21
Super Mâcha!!
Un certain Renard disait : “Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe.”
Ce message a été édité - le 29-04-2021 à 12:15 par Mahea
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Ann
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Posté à 13h31 le 29 Apr 21
La phrase d'hier est tiré de
Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert
p 336
https://www.ebooksgratuits.com/pdf/flaubert_bouvard_et_pecuchet.pdf
« Elle avait saisi dans sa poche, un dé d’argent perdu depuis trois jours, »
Merci Macha de ta participation.
Je passe la main à Mahea qui vous proposera donc ma suite des morceaux de phrases. Le jeu est ouvert à toutes et tous.
A toi Mahea
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Mahea
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Posté à 13h56 le 29 Apr 21
Comme nous sommes très joueuses, d'un accord commun avec Ann, à partir de cet instant, on inverse les rôles…
Je vous soumets à mon tour le fragment d'un livre célèbre.
En citant un extrait, il vous appartiendra de poursuivre en récit, poème…
Vous suivrez l'errance de votre choix, en y créant du suspense, de l'inédit, ce qu'il vous plaira, dans un style qui n'appartient qu'à vous !
Cependant il faudra de la cohérence avec le récit qui précèdera le vôtre, et il vous faudra y injecter quelques copeaux, orientations, signes, repères (en italique), qui inviteront j'espère chacun d'entre vous à maintenir ce fil rouge ou à divulguer si la plume vous démange, le nom de l’œuvre connue dans une métaphore par exemple ?
Libérez vos plumes !
Même un tout petit texte, toute participation est bienvenue...
Vous avez jusqu'à samedi fin de journée pour exprimer vos divagations.
Que votre esprit transpire ce que vous rêvez de sculpter.
EXTRAIT :
« l'élan de l'arbre muet qui tient tête à la terre »
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Ann
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Posté à 22h42 le 29 Apr 21
L’élan de l'arbre muet qui tient tête à la terre
Une nuée rougie de soleil s’est posée
Canotier de feu de paille à sa canopée
A son tronc escalade en résille le lierre
L’incendie lèche la broussaille qui grésille
A la forêt calcinée plus une brindille
L’aquilon attise la morsure des flammes
Le géant de bois à ses branches craque ses gammes.
Plus un seul oiseau, le gibier a fui le breuil
L’humus… un tapis de cendres et loin l’écureuil
A ses racines noircies, il tremble une pierre
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Posté à 02h42 le 30 Apr 21
Et craque sous l'orage
Le tronc de l'arbre noir
Calciné à moitié
Sa vie se veut pourtant
Encore tenir bon
Les quelques ramures
Tordues par l'ennemi
S'accrochent au ciel
En élan d'espérance
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Posté à 15h09 le 30 Apr 21
Faudrait aussi penser à roupiller parfois!!! non mais!!!!
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Vie
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Posté à 15h26 le 30 Apr 21
A quelques gouttes de pluie
la cendre roule et se dépose
terreau de feu revitalisant,
l'arbre nu ploie puis frémit...
bon Mesdames au vue du Rhum que je viens de m'envoyer faut pas m'en demander beaucoup
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Posté à 15h30 le 30 Apr 21
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Mahea
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Posté à 20h55 le 30 Apr 21
Si j'ai tout bien compris...
Nous avons une pierre qui tremble et un géant de bois dans un champ de ciel mûr où une nyctalope insomniaque comptait les grains de sable en s'accrochant aux branches des étoiles.
Quand soudain la pierre qui lantiponnait, revendique et s'offusque en constatant qu'une sentinelle à moitié calcinée par une courte nuit, achevait d'embraser sa plume dans un élan poétique.
Par chance, une eau-de-vie, sentant le brasier enfler, elle, libre de tout entrave, ne tarda pas avec son pressoir à mots à cascader tout de go sur l'arbre fiévreux, afin qu'il puisse renaître de ses cendres.
NB : Mais alors pas un indice, ni un soupçon, et encore moins une miette n'est venue trancher le brouillard au pinacle. Pourvu que ça doure...
second extrait :
« Cette averse est un feu de paille
La chaleur va l'étouffer »
Ce message a été édité - le 30-04-2021 à 20:58 par Mahea
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Ann
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Posté à 21h19 le 30 Apr 21
Et si j'écrivais un truc sur le Pot et le loir ?
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